EDF : Le nouveau président déclare la guerreaux usagers et au personnel31/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1900.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

EDF : Le nouveau président déclare la guerreaux usagers et au personnel

Le nouveau président d'EDF, Pierre Gadonneix, a présenté le 14 décembre son plan " stratégique " pour la période 2005-2007.

Il entend poursuivre la partie de Monopoly financier déjà développée par son prédécesseur Roussely. Il veut vendre des filiales, qui ne rapportent pas, en Amérique du Sud, et faire des achats en Europe. Son ambition est la " conquête de 23% du marché de l'électricité et de 6% du gaz en Europe " (car EDF, désormais dissociée de GDF, va se mettre au gaz de son côté!). Pour cela EDF aurait besoin d'un apport de 30 milliards d'euros. 10 milliards viendraient de l'augmentation du capital qui accompagnerait une introduction en Bourse, 10 milliards viendraient des ventes de diverses participations jugées inintéressantes. Et les derniers 10 milliards résulteraient des hausses des tarifs du courant électrique ainsi que de la diminution de la masse salariale.

À la suite de tous ces micmacs financiers, EDF se verrait tout de même endettée de 35 à 40 milliards d'euros (contre 24 milliards aujourd'hui). On n'en est pas à l'endettement astronomique de France Télécom, mais on s'en rapproche.

Pour satisfaire ses ambitions européennes et pour payer les intérêts des emprunts ainsi que les futurs dividendes des futurs actionnaires, Gadonneix annonce clairement la couleur: les usagers et le personnel devront payer, l'objectif étant " l'augmentation des marges qui suppose d'agir à la fois sur les coûts et les prix de vente ".

Le directeur général commercial a expliqué qu'" il faut faire converger les tarifs vers les prix du marché ", ce qui signifie faire passer " la part énergie du tarif de 28 euros par mégawattheure à 35 euros par mégawattheure, pour intégrer les investissements futurs ". Cela fait 25% de hausse!

En Europe, les " prix du marché " ont beaucoup augmenté, du fait de la hausse du pétrole et du gaz qui alimentent souvent les centrales thermiques. Mais en France, avec le nucléaire qui représente 80% de la production (et l'hydraulique 15%), il n'y a pas les mêmes raisons d'augmenter les tarifs, sinon pour procurer un bénéfice à EDF.

En fait, les tarifs d'EDF ont déjà beaucoup augmenté, dans le secteur des prix libres principalement, c'est-à-dire ceux qui concernent les grosses et petites entreprises, les particuliers étant pour le moment encore relativement protégés par des tarifs fixés par l'État. Le grand patronat ne cesse de se plaindre de la hausse des prix du courant électrique depuis l'ouverture du marché... qui était censée les faire baisser! Au point que certains gros consommateurs évoquent leur désir de délocaliser pour cette raison. Selon un rapport officiel, " il serait légitime et économiquement logique que les industries électro-intensives délocalisables puissent s'approvisionner au coût du nucléaire ". En réalité, il s'agit d'une menace bidon, car les industries en question ne sont pas facilement délocalisables. Et ce serait pour aller où?

Pour les particuliers, l'objectif déjà précédemment annoncé, c'est une série de hausses d'un montant de 7,5% en trois ans. Cela dépend encore de l'acceptation gouvernementale. Mais ensuite, le marché des particuliers deviendra libre à son tour, c'est-à-dire libre... de subir des augmentations encore plus importantes, d'autant que les particuliers ne pourront guère faire jouer la concurrence des autres producteurs européens car ceux-ci auront des prix... " européens ".

Le second volet des attaques de la direction concerne le personnel. Il est question d'économiser, " en cumulé, plus de 7,5 milliards d'euros à l'horizon 2007 ". Et si " les engagements pris sur le maintien des effectifs à la fin 2005 seront tenus (...) à partir de 2006, EDF va connaître une vague importante de départs à la retraite. D'ici cinq ans, ce sont 24% des effectifs qui seront partis " et " nous reviendrons à quelques centaines d'embauches par an, qui nous permettront de maîtriser la masse salariale ". Il pourrait y avoir 15000 suppressions d'emplois d'ici à la fin de 2007.

Parallèlement à ces attaques sur l'emploi, la direction tente de " réformer " la mutuelle dans un sens très défavorable aux travailleurs. Quant au nouveau système de retraites, lui aussi très défavorable au personnel, il doit entrer en vigueur le 1er janvier 2005.

En définitive, pour satisfaire les appétits financiers d'EDF et des capitalistes qui lui seront bientôt associés, les usagers et le personnel sont sacrifiés. Voilà à quoi devraient aboutir l'ouverture du marché électrique et l'ouverture du capital ensuite, dont les chantres du libéralisme n'ont cessé de dire qu'ils devraient améliorer la situation et faire baisser les tarifs!

Mais tout cela n'aura lieu que si les usagers ainsi que le personnel laissent faire...

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