Créteil (Val-de-Marne) : Un socialiste généreux... avec les Églises31/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1900.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Créteil (Val-de-Marne) : Un socialiste généreux... avec les Églises

Lors du Conseil municipal du 13 décembre à Créteil, le député-maire socialiste, Laurent Cathala, a confirmé sa position déjà exprimée dans Libération en faveur d'un " assouplissement " de la loi de 1905 de séparation de l'Église et de l'État.

Dans cette commune, préfecture du Val-de-Marne, existe un projet de grande mosquée qui devrait permettre aux fidèles musulmans d'une partie de l'Ile-de-France de pratiquer leur religion. Des collectes ont été organisées sur les marchés dans un vaste rayon autour de Créteil et auraient permis de récolter un million d'euros.

Malgré cela le maire de Créteil veut apporter, aux religieux qui les organisent, une aide financière au-delà de ce qu'autorise la loi de séparation de l'Église et de l'État de 1905. Cette loi est pourtant déjà appliquée d'une manière extrêmement accommodante avec les institutions religieuses: elle ne s'applique pas dans les trois départements d'Alsace-Moselle, et ailleurs des arrangements ont été trouvés pour que de l'argent public tombe dans l'escarcelle des différentes Églises, tant pour l'enseignement privé confessionnel que pour la construction des édifices religieux. Ainsi, un vaste terrain qui appartient au Conseil général du Val-de-Marne (présidé par le Parti Communiste) est cédé pour un euro à la municipalité socialiste de Créteil qui va le louer pendant 99 ans à une association cultuelle islamique pour un loyer symbolique. C'est légal, paraît-il, en vertu d'un accord passé dans les années trente par le socialiste Léon Blum et le cardinal Verdier, archevêque de Paris.

On voudrait aussi nous faire croire que dans une église ou une mosquée, bien des choses ne relèvent pas du culte mais sont des biens " culturels " qu'il est possible de subventionner en toute légalité. Avec de tels arguments jésuites, le maire de Créteil se propose d'offrir un million d'euros prélevés sur le budget municipal pour financer la mosquée, qui s'ajouterait au million collecté par les associations musulmanes.

De plus, ajoute-t-il, " dans les agglomérations en voie de développement comme Créteil, il est possible d'accorder des garanties d'emprunt aux associations cultuelles ". Mais tout cela ne lui suffit pas: il voudrait ajouter 2 millions d'euros supplémentaires d'argent public sous prétexte de " qualité architecturale " et d'" insertion dans le paysage " du bâti. " J'espère pouvoir démontrer, avec ce projet, que la loi de 1905 n'est pas adaptée " déclare-t-il en critiquant Chirac, mais aussi François Hollande -donc le dirigeant de son propre parti-, parce qu'ils ne veulent pas aller au-delà de la complaisance qu'autorisent déjà les aménagements successifs à la loi de 1905.

Cathala, notable socialiste (maire depuis 1977, député depuis 1981), préfère emboîter le pas à Sarkozy pour une réforme qui détournerait encore davantage d'argent public au profit des différentes institutions religieuses. Que ceux qui professent le christianisme, l'islam, le judaïsme, ou tout autre religion aient la possibilité de rassembler des fonds pour faire construire des lieux pour leur culte, cela est une liberté élémentaire. Que la municipalité de Créteil facilite les démarches administratives pour que les musulmans, victimes bien souvent de préjugés réactionnaires, aient la possibilité d'avoir des lieux de réunion décents pour leur culte, ce serait tout à fait normal. Mais quand des élus, qui se disent socialistes et communistes, sont prêts à utiliser les fonds publics pour financer des institutions religieuses, qui véhiculent par nature une idéologie réactionnaire, ils montrent le peu de cas qu'ils font de ce qu'ils prétendent être leurs propres idées.

Partager