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Dans les entreprises
Alcatel : L'externalisation, des licenciements différés
Quatre cents anciens salariés d'Alcatel Réseaux d'Entreprise ont attaqué en justice le PDG du groupe, Serge Tchuruk, et demandé leur réintégration pour licenciement abusif. Ils étaient 750, en 1998, quand Alcatel a décidé de les " externaliser " dans une filiale d'un groupe informatique, Marine Consulting, rebaptisée Marine Communication, qui travaillait entièrement sous son contrôle. En décembre 2001 la société Marine Consulting fut déclarée en redressement judiciaire et licencia 400 personnes. Reprise en 2002, elle fut liquidée par son repreneur un an plus tard.
Les travailleurs licenciés voudraient donc voir leur licenciement annulé et Alcatel condamné à les réintégrer dans le groupe. Les tribunaux donneront-ils raison à la CGT, qui a entrepris cette action en justice? Peut-être, comme dans le cas des travailleurs de Wolber, filiale de Michelin à Soissons, entreprise elle aussi disparue. Mais la réintégration est plus qu'hypothétique et la nouvelle loi Borloo n'améliorera pas les choses: pour satisfaire le Medef, elle vient de supprimer définitivement la possibilité de réintégration en cas de " fermeture de l'entreprise ". Les travailleurs licenciés peuvent tout au plus espérer, comme les 171 d'Alcatel Câble France de Conflans-Sainte-Honorine, voir leur patron condamné à leur payer tous les salaires dus depuis leur licenciement abusif.
Mais Tchuruk a brouillé les pistes: Alcatel Réseaux d'Entreprise, responsable de l'externalisation, a été cédée depuis 2002 à une société américaine. Le PDG d'Alcatel s'en lave les mains; il prétend que ce n'est plus à lui qu'il faut demander des comptes.
Pas de doute, il tient à réaliser son projet " d'entreprise sans usine " et, de filialisations en externalisations, le système lui offre tous les moyens de licencier, y compris à retardement.