Afin de concurrencer les voyages en avion à bas prix, la SNCF vient donc de lancer une formule expérimentale de billets bon marché pour les voyages en TGV sur le trajet Paris-Lyon-Marseille-Toulon. À condition de réserver très longtemps à l'avance et de le faire par Internet, et seulement par Internet, les voyageurs pourront prendre place dans une voiture spéciale (iDTGV) attelée à un TGV classique, en payant moins cher qu'un billet normal.

Une telle formule aurait fort bien pu être vendue aux guichets des gares ou par les automates, d'autant plus que les voitures iDTGV en question appartiennent à la SNCF. Mais celle-ci en a décidé autrement. Une société créée à cette occasion, filiale à 100% de la SNCF, reçoit le lot des places à vendre, qu'elle gère comme elle l'entend, avec son propre personnel.

Dans une période où la direction ne cesse de faire pression sur les vendeurs des guichets pour exiger d'eux plus de rendement, tandis qu'elle multiplie dans les gares les automates destinés à les remplacer, la mise en place de ce iDTGV a renforcé l'inquiétude des agents de la SNCF sur leur avenir. Les progrès réalisés en matière de rapidité du transport par chemin de fer, comme ceux liés à la généralisation d'Internet, devraient bénéficier à tous: à tous les voyageurs et pas seulement à ceux qui sont abonnés à Internet; aux guichetiers, en améliorant leurs conditions de travail et en maintenant leur emploi.

La SNCF a annoncé la couleur en prévoyant la suppression de près de 1 300 postes de travail dans les services commerciaux au cours des trois prochaines années. Mais les cheminots n'ont pas à faire ainsi les frais de la modernisation.