Éducation nationale - réforme Fillon : En arrière toute, pour faire moins avec moins09/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1897.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Éducation nationale - réforme Fillon : En arrière toute, pour faire moins avec moins

Les personnels de l'Éducation nationale des collèges et lycées ont fait grève le 7 décembre pour dénoncer le projet de la nouvelle loi d'orientation qui vient d'être annoncé par Fillon. La participation à la grève a été de 43% de grévistes, selon le SNES, le principal syndicat dans l'enseignement secondaire. Des milliers de manifestants sont descendus ce jour-là dans la rue pour exprimer leur mécontentement.

Derrière les propos grandiloquents du gouvernement sur le fait que chaque jeune devrait désormais sortir du système éducatif avec une véritable formation sous forme d'"un certificat des savoirs fondamentaux", c'est-à-dire savoir "lire, écrire, compter, s'exprimer dans une langue étrangère et pouvoir se servir de l'informatique", il y a la volonté du gouvernement de réaliser des économies que l'on enrobe de justifications pseudo-pédagogiques. Les élèves les plus en difficulté, que l'on trouve principalement dans les milieux populaires et qui auraient besoin de l'attention maximum, seront les victimes de la réduction des moyens. Dans le même temps, on compte alourdir considérablement la charge de travail des personnels qui, selon le gouvernement, ne travailleraient pas assez, en imposant aux enseignants de remplacer leurs collègues absents, c'est-à-dire d'augmenter leurs horaires de travail.

Il est prévu de réduire l'éventail des matières fondamentales enseignées dans les collèges et les lycées. Cela permettra à Fillon de supprimer des postes dans les matières devenues de simples options. Tant pis si la formation générale des élèves en pâtit.

Après avoir tant vanté les travaux personnels encadrés, des heures consacrées à la réalisation par les élèves de dossiers pour le développement de leur l'autonomie, et pour l'acquisition de méthodes de travail, on les supprime en terminale, sans se vanter cette fois que cette décision permettra d'économiser 1000 postes d'enseignants.

Il y a quelques semaines, le ministre de la Fonction publique, Dutreil, avait déclaré qu'il faudrait, selon lui, embaucher dorénavant seulement 40000 fonctionnaires pour remplacer les 77000 départs à la retraite prévus chaque année jusqu'en 2015. Il compte pour compenser cette diminution d'effectifs sur des "gains de productivité d'à peu près 2% par an". Comme s'il pouvait introduire des critères de productivité en matière de service public et d'éducation, à moins de considérer les élèves comme des pièces d'usinage! Mais s'il veut diminuer le nombre d'enseignants de 2% par an, quoi qu'il en coûte à la formation des jeunes, et à ceux en particulier pour qui l'éducation par l'école est essentielle, on comprend son calcul.

Dans son dernier grand show télévisé, Fillon avait annoncé deux milliards de financement supplémentaire pour accompagner les réformes. En réalité, il se confirme qu'il ne s'agira que de "redéploiement" de moyens actuellement utilisés par l'Éducation nationale. Ainsi, selon le SNES, les moyens supplémentaires mis à la disposition des ZEP sont menacés.

Il y a effectivement de quoi s'inquiéter de l'orientation prise en la matière par le gouvernement qui a déjà supprimé des milliers de postes d'enseignants et de surveillants ces dernières années.

Partager