Comment obtenir une augmentation de salaire ?09/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1897.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Comment obtenir une augmentation de salaire ?

C'est la question que posait, en titre, un numéro d'Aujourd'hui en France - Le Parisien il y a quelques jours. En guise de réponse, le journal conseillait à ses lecteurs d'aller quémander individuellement auprès de leur employeur. Comme s'il était possible, dans les conditions actuelles, de se pointer tout seul dans les locaux de la direction de son entreprise pour réclamer une rallonge sur la feuille de paye...

Pourtant, particulièrement à l'approche des fêtes de fin d'année, la faiblesse des salaires se fait sentir. Pas seulement à cause du passage à l'euro, qui a fourni le prétexte pour arrondir tous les prix à la hausse. Ce sont aussi de nombreuses charges incompressibles qui ont augmenté: l'électricité vient de grimper de 3%, le gaz de bien plus. Les tickets de transport, notamment la carte orange en région parisienne, augmentent d'année en année, les loyers, les frais bancaires aussi. L'essence demeure à des niveaux élevés. Les produits de consommation ont vu leur prix augmenter nettement plus que ne le prétendent les chiffres officiels de l'inflation: l'INSEE trouve en effet divers prétextes pour minorer les chiffres bruts. Et puis de nouvelles factures sont apparues: TV par satellite, téléphone portable, accès Internet...

Côté salaires, la loi Aubry a fourni le prétexte à un blocage généralisé. Année après année, les montants inscrits dans la colonne "à déduire" ont grossi: la CSG et la CRDS représentent désormais une ponction de 8%. Une "contribution exceptionnelle temporaire" a surgi de nulle part.

Pour les jeunes, les entreprises ont profité du chômage pour imposer des salaires d'embauche en très forte baisse. Il faut bien souvent au départ se contenter d'un salaire net à trois chiffres...

Pour les moins jeunes, la réforme Fillon des retraites menace le montant de la future pension. Le gouvernement leur propose de cotiser à un "PERP" ou un "PERCO" pour se constituer un complément. Mais c'est une autre forme de baisse de salaire.

Côté fonctionnaires, ce n'est pas plus rose: leur ministre de tutelle, Renaud Dutreil, déclarait récemment à l'occasion d'une réunion de la très select "Fondation Concorde" dans un restaurant chic des Champs Élysées: "À l'heure actuelle, nous sommes un peu méchants avec les fonctionnaires. Leur pouvoir d'achat a perdu 4,5% depuis 2000."

Quant à ceux qui ne parviennent pas à boucler leur fin de mois, ils tombent souvent dans la spirale des découverts et des "crédits revolving", ces trompeuses "réserves d'argent" assorties de taux d'intérêts exorbitants.

Le gouvernement par la voix du ministre des affaires sociales, Borloo, a daigné se pencher sur la question: les jours de RTT pourraient ainsi être payés s'ils ne sont pas pris. Et le nombre annuel d'heures supplémentaires qui ne donnent pas lieu à repos compensateur pourrait passer de 180 à 220. Sachant que dans les petites entreprises elles ne sont majorées que de 10%.

Autrement dit, vous voulez récupérer la partie du salaire qui vous a été piquée? Travaillez plus! À la première arnaque, salariale, s'en ajoute une deuxième, sur le temps de travail!

Ce n'est certes pas en allant pleurer dans le bureau du patron, comme le propose Le Parisien, ni en accumulant les heures et les jours supplémentaires, comme le voudrait Borloo, que nous retrouverons des salaires corrects. Il n'y a que collectivement, et le plus nombreux possible, que nous pouvons faire reculer les directions d'entreprises, les actionnaires et l'État. Une augmentation générale de 300 euros, c'est le minimum que nous devons exiger pour essayer de boucler les fins de mois.

300euros, ce n'est pas demander la lune! Le capitalisme brasse des sommes énormes. Rien que l'an dernier, les PDG des 40 plus grandes entreprises françaises cotées en bourse se sont accordé 10% de rallonge. Ils ont ramassé 2 millions d'euros en moyenne par personne, soit 173 fois le SMIC annuel, certains atteignant plus de 20 millions.

Tous ensemble, public privé, pour 300 euros par mois d'augmentation générale des salaires, discutons dès maintenant des étapes et des formes de la lutte!

Éditorial des bulletins d'entreprise "l'Étincelle" publiés par la minorité du 6 décembre 2004

Convergences Révolutionnaires n° 36 (novembre-décembre 2004)bimestriel publié par la Fraction
Dossier: Délocalisations, chômage et démagogie chauvine
Articles: Paix européenne et guerre impérialiste-Loi Perben et justice à la tête du client - L'hôpital public mis au régime sec - Les accords de collaboration de classe signés par la CGT à la SNCF et à La Poste - La réélection de Bush: faut-il désespérer des travailleurs américains ?
Pour se procurer ce numéro, 1,5€, ou s'abonner (1an: 9€; de soutien: 15€) écrire à: LO, pour la Fraction, BP 233-75865 Paris Cedex 18 ou Les Amis de Convergences, BP 128-75921 Paris Cedex 19 Sur le Net: http://www.convergencesrevolutionnaires.org

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