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Leur société
Aéroport de Roissy : Un moment d'égarement
Un passager qui a pris l'avion le 3 décembre en fin d'après-midi à l'aéroport de Roissy, ou dont le vol y a fait escale, a continué à se promener paisiblement, et continue peut-être encore, avec 150 grammes d'explosif dans une poche de son sac de voyage.
C'est la situation rocambolesque -mais pas drôle- à laquelle aboutit l'entraînement que la brigade cynophile de la gendarmerie du transport aérien effectuait ce jour-là avec ses chiens renifleurs d'explosifs. Pour exercer ceux-ci, les gendarmes avaient glissé un pain de plastic dans un bagage, mêlé à tous les autres bagages qui transitent loin de leurs propriétaires dans les zones non publiques de l'aéroport. Mais ce bagage, s'il n'échappa pas à la vigilance d'un chien qui l'aurait paraît-il repéré, fut en revanche égaré par des gendarmes qui le perdirent de vue lors de son embarquement sur un tapis roulant vers une destination inconnue.
Sans doute conscients d'avoir perdu quelque chose, les membres de la brigade ont tardé à avertir leurs supérieurs -ceux-ci auraient-ils au demeurant manifesté plus de flair? L'affaire révélée, les responsables commencèrent par minimiser l'incident, en parlant au sujet du pain de plastic de "barre chocolatée", tant du point de vue de la taille que de l'innocence du produit- fort heureusement, l'entraînement n'avait pas prévu de faire renifler le détonateur en même temps!
Reste que des gendarmes du transport aérien ont introduit un explosif dans le sac d'un voyageur à son insu. Cet explosif a ensuite vraisemblablement été transporté en avion vers l'une des quatre-vingts destinations possibles ce soir-là au départ de Roissy. Les pandores n'ont plus qu'à aller le rechercher quelque part entre Los Angeles et Singapour, et à s'expliquer avec le voyageur concerné et les autorités locales. Et pour la sécurité, c'est réussi!
En attendant, on constate qu'ils ne sont pas gênés pour introduire un objet dangereux ou illicite dans un sac de voyage personnel à l'insu du propriétaire. On n'ose imaginer les conséquences que pourrait entraîner la découverte de traces d'explosifs sur les vêtements du voyageur victime de la bévue, pour peu qu'il ait été inspecté à son arrivée par des animaux ou des militaires plus futés que ceux de Roissy...