35 heures dans la loi, mais durée du travail à rallonge09/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1897.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

35 heures dans la loi, mais durée du travail à rallonge

Le gouvernement concocte de nouveaux amendements à la loi dite des 35 heures, cette loi qui avait peut-être réduit la moyenne de temps hebdomadaire de travail légal à 35 heures, mais qui avait en même temps généralisé la flexibilité.

Aujourd'hui, il s'agit pour le gouvernement de procéder à de nouvelles possibilités d'allongement légal du temps de travail. Il orchestre ses nouvelles attaques sur le thème: il faut "que chacun puisse travailler plus pour gagner plus"!

D'une part, il s'apprêterait à augmenter une nouvelle fois le contingent d'heures supplémentaires légales, en faisant passer le maximum de 180 à 220 heures par an. Certains voudraient même le fixer à 240, voire 260 heures! Mais 220 heures par an, cela représente déjà plus de quatre heures par semaine, et bien plus si on n'inclut pas dans le calcul la période de congés payés. De cette façon, le gouvernement rétablit les 40 ou 41 heures hebdomadaires et, vu la généralisation de la flexibilité, la possibilité de réintroduire des horaires hebdomadaires dignes du début du XXe siècle.

D'autre part, il prévoit d'assouplir les règles du Compte épargne temps (CET), mis au point jusqu'à présent seulement dans les grandes entreprises. Ce compte permet de cumuler un certain nombre de jours de RTT, que l'on peut utiliser, selon les cas et selon les entreprises, pour prendre ultérieurement des journées de congé -dans les cinq années à venir au moins!- ou pour être transformés en salaire supplémentaire, ce que ces gens-là appellent le "rachat" des 35 heures.

La loi Fillon du 17 janvier 2003 avait déjà assoupli le système du CET, en permettant de transformer en salaire une partie du temps de travail supplémentaire accumulé par les salariés sur ces comptes, dans la limite de cinq jours par an. Aujourd'hui, le tandem Raffarin-Borloo envisagerait de porter cette limite de cinq à vingt-deux jours.

Comme en matière d'exploitation des travailleurs les idées du patronat sont multiples, certains évoquaient même la possibilité de cumuler à vie ces jours de RTT, de telle façon qu'ils permettraient de partir en retraite de façon anticipée. Le gouvernement n'évoque plus pour l'instant cette possibilité. Il est vrai que la ficelle est un peu trop grosse, car qui peut prévoir ce qu'il en sera de son départ à la retraite dans les décennies à venir?

Dans de nombreuses entreprises, les patrons ne manqueront évidemment pas d'inciter les travailleurs à être "volontaires" pour se défaire de leurs jours de RTT. Et il n'est même pas dit que le "rachat" de ces jours se fasse au moins au tarif des heures normales effectuées.

Quand Chirac déclarait en juillet dernier qu'il considérait les 35 heures comme un "droit acquis", on comprend bien ce qu'il voulait dire. En "droit", c'est-à-dire sur le papier, les 35 heures vont rester là. Mais à la façon du Canada Dry, elles cacheront une réalité toute différente. "Travailler plus pour gagner plus", c'est la conception même des patrons, qui n'envisagent pas une seconde que leurs salariés pourraient gagner plus... si l'on augmentait leurs salaires! Le gouvernement les reçoit cinq sur cinq.

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