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Dans les entreprises
Thales (ex Thomson-CSF) : Course aux profits et licenciements
Les unes de journaux économiques ont fait leurs choux gras de grandes manoeuvres autour de regroupements éventuels de Thales (connu par le scandale des frégates de Taiwan) et EADS dont un des patrons est Lagardère, ministres et président français, allemand, britannique, s'excitant sur ce "dossier".
Mais ces mêmes journaux ont peu écrit sur les licenciements dont le coup d'envoi a été donné dans une des filiales de Thales, TAD (Thales Air Defence), filiale éclatée sur Bagneux, et ce qui reste d'ouvriers et techniciens sur Limours, Conflans (en Ile-de-France), Fleury-les-Aubrais et Rouen, soit 2250 salariés.
Les salariés de Bagneux venaient de subir un plan "social" sur la filiale ATM en 2003 quand, en juin-juillet 2004, étaient annoncées 450 suppressions de postes, dont 326 licenciements, sur l'ensemble des sites de TAD, dont 129 sur Bagneux (62 ingénieurs). On annonçait 6% seulement de résultat net, alors que, comme chacun sait, l'objectif doit être à deux chiffres!
Suivant sa méthode habituelle, la direction du groupe invitait les syndicats à discuter d'un "accord de méthodes", dans le but d'accélérer les procédures trop longues et trop lourdes à son goût. Ces discussions, qui n'ont abouti à aucune signature, ont peut-être retardé les échéances, mais la direction a estimé que le retard pris "inquiétait trop le personnel"... (sans blague?). Les comités d'entreprise ont été convoqués pour le 17 novembre, pour donner le top des licenciements.
La veille, les syndicats organisaient des barrages aux portes, plus ou moins filtrants suivant les centres. À Fleury-les-Aubrais, le chef de centre était "occupé" par les salariés de 7 heures à 19 heures.
Les "barrages", souvent bien acceptés par le personnel, même s'il n'était pas au courant, ont préparé les débrayages du lendemain, suivis par 200 personnes sur Bagneux par exemple.
Le 23 novembre, jour de réunion du conseil d'administration Thales, une manifestation était organisée au siège de Neuilly par l'intersyndicale de la filiale TAD seule. (En effet, si la direction a divisé les salariés dans de mutiples entités et étalé dans le temps et les sites ses licenciements, les syndicats, suivis par le personnel, étalent de même leurs réactions depuis vingt ans.)
À cette manifestation 400 personnes sont venues, de Bagneux à Rouen, en passant par Conflans et Fleury (une délégation est venue du centre d'Élancourt, emmenée par le syndicat Supper, affilié à Sud), restant quatre heures devant le siège et des cordons de gendarmes et de barrières interdisant l'accès de l'entrée où siégeait le conseil d'administration.
Deux sonos crachaient leurs watts vers le siège, dans l'attente de la réception d'une délégation par le DRH du groupe, qui dans un premier temps a été déclaré malade, puis enfin indisponible pour recevoir cette délégation.
Les manifestants ne pensaient pas voir la direction revenir tout de suite sur ses décisions. Cependant, nous étions contents d'avoir pu nous retrouver, car des centaines d'entre nous avions été dispersés d'un centre à l'autre au cours des années. Il fallait en profiter, car les syndicats annonçaient dans leur prise de parole qu'ils nous appelleraient "sous d'autres formes dans nos centres respectifs", qu'il fallait qu'on se tienne prêts à réagir à leur appel.
Les salariés semblent plus abattus, pour l'instant, que prêts à vouloir plus que les initiatives syndicales. Les attitudes ou les provocations de la direction, qui a annoncé les notifications des licenciements pour le 15 janvier 2005, changeront peut-être les choses.