Presse : Des capitalistes très intéressés02/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1896.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Presse : Des capitalistes très intéressés

Les grandes manoeuvres continuent dans les milieux financiers pour prendre le contrôle de certains journaux. Trois grands quotidiens nationaux sont à la une. Le Figaro est dorénavant contrôlé par Dassault. Le Monde et Libération sont à la recherche de soutiens financiers. Le groupe Lagardère guignerait le premier, Bolloré et un des Rothschild lorgnent le second.

Que le quotidien Libération, fondé il y a trente ans par d'ex-maoïstes, soit convoité par un groupe financier emblématique du capitalisme est cocasse. Mais cette volonté des groupes d'affaires de contrôler la presse écrite comme les autres moyens d'information n'est pas nouvelle et n'a rien d'étonnant.

À l'occasion de son offre de participation au capital de Libération, Rotchschild a déclaré qu'il n'était pas question de toucher à l'indépendance du journal! Comme si le contrôle financier d'un journal ne pouvait avoir précisément d'autre conséquence que d'assurer une emprise, plus ou moins apparente, sur la ligne éditoriale d'un journal, sans même parler de la logique de rentabilisation, qui se traduit le plus souvent par des licenciements.

Car les journaux ne sont pas des affaires comme les autres, mais ce sont aussi des affaires.

L'intérêt, pour les investisseurs, n'est pas seulement de rentabiliser. Au-delà du prestige que cela peut leur procurer, le contrôle financier leur permet d'orienter, le cas échéant, l'opinion politique.

Et il n'est pas besoin de donner des ordres à la rédaction pour se faire entendre ou pour censurer ce qui peut déplaire. On n'a pas vu Le Figaro enquêter sur les liens étroits entre l'État et l'avionneur Dassault et il y a peu de chances pour qu'on le voie. Et si Bolloré entre dans son capital, on verra si Libération continue à dénoncer les rapports entre les potentats africains et les activités du groupe Bolloré en Afrique.

À défaut d'un grand nombre de lecteurs, comparé à d'autres pays, ces journaux sont des organes par l'intermédiaire desquels l'information se diffuse. Il n'y a donc pas à être surpris que, parmi les groupes capitalistes dominants, les plus grands soient intéressés par le contrôle de ces quotidiens qui, les lois du marché étant ce qu'elles sont, sont disposés à se vendre.

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