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Dans le monde
Bolloré : Les juteuses affaires africaines
Le groupe Bolloré, contrôlé majoritairement par la famille Bolloré qui figure aujourd'hui parmi les 250 premiers groupes européens et qui tire une grande partie de ses bénéfices de ses activités dans le transport et la logistique, étend son contrôle sur les chemins de fer africains.
Après le chemin de fer reliant Abidjan, en Côte-d'Ivoire, à Ouagadougou au Burkina qu'il exploite par sa filiale Sitarail, après le réseau ferré Nord de Madagascar qu'il exploite par sa filiale Madarail depuis le 1er juillet 2003, le groupe français lorgne sur le Chemin de fer Congo-Océan (CFCO) qui relie Brazzaville, la capitale du Congo, au port atlantique de Pointe-Noire. Il est associé pour l'occasion avec le groupe danois Maersk ainsi qu'avec la SNCF-International et le sud-africain Comazar, dans un groupement baptisé Congorail.
La quasi-totalité des chemins de fer africains furent construits au début du 20e siècle, durant la période coloniale. Pour ce faire, les colonisateurs avaient alors réquisitionné de force des Africains qui pour beaucoup y laissèrent leur vie. Leur but était de drainer les ressources des zones de production agricole ou minière vers les ports en vue de l'exportation, rien de "civilisateur" dans cette opération, rien qui fut utile à la population. Seul comptait l'intérêt des colonisateurs. Ainsi fut entreprise en 1921 la construction du Chemin de fer Congo-Océan, CFCO, un "effroyable consommateur de vies humaines", selon l'expression d'André Gide dans son livre Voyage au Congo, puisqu'il y eut 18000 morts, une estimation certainement encore en deçà de la réalité.
À partir de l'indépendance des pays africains, dans les années 1960, l'exploitation fut confiée à des organismes étatiques qui continuèrent à privilégier le transport de marchandises. Ainsi le chemin de fer Abidjan-Ouagadougou fut exploité par la Régie des chemins de fer Abidjan Niger, la RAN qui développa tout de même un peu, dans les années 1970-1980, le transport de passagers. Mais ces lignes de chemin de fer se dégradèrent lentement faute de moyens financiers pour les entretenir. Devant ces difficultés, à la fin des années 1990, beaucoup d'États africains se décidèrent à laisser la concession de leur réseau de chemin de fer à des groupes privés. Ainsi le groupe Sitarail contrôlé par Bolloré se vit confier l'exploitation de la ligne Abidjan-Ouagadougou en 1994, pour une période de 15 ans renouvelables tous les cinq ans.
Si Congorail devait emporter la concession du Congo-Océan, le groupe Bolloré se retrouverait en situation de quasi-monopole pour les transports ferroviaires dans la zone franc, près de 80 années après la construction par une autre société française, la Société de construction des Batignolles, de ce réseau ferré qui coûta un "homme par traverse". Quarante ans après l'accès à l'indépendance des pays africains, leur exploitation par les grandes sociétés des pays riches continue, presque sous la même forme.