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Leur société
Sarkozy parle de baisse... les prix vont augmenter
À quelques jours de son départ du ministère des Finances, Sarkozy continue sa pseudo-croisade pour la baisse des prix et la défense du consommateur. C'est avec les piètres résultats qu'on connaît, puisque d'après ses propres services, les prix n'auraient baissé, en moyenne, que de 1,71% sur 4000 articles, alors qu'il s'était engagé à une baisse de 2% sur 5000 articles, après avoir exigé haut et fort, en juin, une baisse de 5% sur tous les articles. Et cela en admettant même que les chiffres du ministère correspondent à la réalité du panier de la ménagère.
Mais voilà maintenant que les patrons de la grande distribution, les Leclerc et autres Carrefour, annoncent une flambée des prix en janvier 2005 de 2 à 5%, voire pour Leclerc beaucoup plus, jusqu'à 8%. Bien évidemment, selon eux, les responsables sont les industriels qui justifient ces hausses par les augmentations des matières premières et de l'essence, les "malheureux" distributeurs étant dans l'obligation légale de répercuter euro pour euro ces augmentations sur leur prix de vente puisque la loi Galland, qui régit depuis 1996 les relations entre les "partenaires" de ce secteur, leur interdit officiellement de revendre un produit à un prix inférieur au prix d'achat.
En fait ces annonces d'augmentation des prix entrent dans le cadre des négociations entre le gouvernement, les industriels et les grandes surfaces pour contrôler, disent-ils, l'évolution des prix en 2005. Et chacun avance ses pions dans une négociation qui relève du marchandage. Leclerc, qui mène campagne pour obtenir l'abrogation de la loi Galland, propose de baisser certains prix en diminuant sa marge sur une partie (une toute petite partie) des ristournes que les industriels accordent aux distributeurs en échange de faveurs commerciales, comme les têtes de gondole ou les prospectus publicitaires. Leclerc promet une baisse de 4 à 5% des prix si la loi Galland est supprimée rapidement... et menace d'une hausse de 2 à 8% si elle ne l'est pas.
Son objectif avoué est d'avoir les coudées franches pour fixer ses prix et déclencher si besoin une guerre des tarifs dont feraient peut-être les frais certains de ses concurrents moins puissants, mais sûrement les petits commerçants et les agriculteurs contraints de revoir leurs prix à la baisse pour garder le marché. D'autres distributeurs, comme Carrefour, demandent l'abrogation des dispositions de la loi Galland concernant l'implantation de nouvelles grandes surfaces, espérant ainsi gagner des parts de marché avec le maximum d'enseignes. Bref, la grande distribution réclame à cor et à cri la suppression des quelques mesures de la loi Galland qui réglementent un peu la concurrence sauvage dans ce secteur.
Pour cela, elle a pu compter largement sur Sarkozy dont la démagogie sur la baisse des prix ne va pas jusqu'à mettre en cause les profits des industriels et de la grande distribution. Mais n'étant pas parvenu, avant de quitter Bercy, à supprimer la loi Galland, il a accouché d'un accord sur les "grands principes "d'une réforme qui la viderait de toute substance. Par ailleurs Raffarin a prévu de mettre en place une commission d'experts qui planchera pendant trois mois sur une éventuelle réforme... D'ici là les industriels auront augmenté leurs prix, les grandes surfaces les auront répercutés sur les étiquettes et le pouvoir d'achat des salariés en aura encore pris un coup. La preuve que, dans le domaine de la grande distribution comme dans les autres, les bavardages d'un Sarkozy, qui disait vouloir rendre un an d'inflation aux Français avec la baisse des prix, n'étaient que des rodomontades visant à se donner le beau rôle, le temps de son passage éclair à Bercy.