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Centre hospitalier de Montluçon (03) : Le service public se dégrade,pour le bénéfice du privé
Samedi 20 novembre, un millier de personnes ont manifesté dans les rues de Montluçon, à l'appel de l'ensemble des organisations syndicales, pour la défense de l'hôpital public.
Le Centre hospitalier de Montluçon dispose, à côté des anciens bâtiments toujours en service, de locaux flambant neufs achevés depuis plusieurs mois. Les plaquettes qui le présentent vantent les deux étages du "pôle mère-enfant" avec ses salles d'accouchement et ses couveuses perfectionnées pour les prématurés, la salle de classe pour les enfants hospitalisés, les blocs opératoires dernier cri, etc. La réalité est bien différente. Depuis six mois que les travaux sont terminés, les locaux n'abritent que le standard et le service de sécurité! Quant aux services médicaux, ils ne sont toujours pas en fonction... faute du personnel nécessaire.
À l'origine, ces nouveaux locaux étaient prévus comme une extension permettant d'accroître les capacités d'accueil de l'hôpital. En 2002, les officiels avaient reconnu la nécessité de créer 127 postes pour faire tourner ce bâtiment (il est vrai que c'était dans la foulée des grèves et manifestations du personnel hospitalier). Aujourd'hui, ces créations sont remises en cause. De plus, un audit du ministère de la Santé conclut que, outre des locaux "surdimensionnés", il y aurait 114 postes de trop sur l'hôpital de Montluçon!
On constate au contraire que, au fil des années, des services ont été abandonnés par l'hôpital public. En cas de problème dentaire sérieux, il faut consulter un praticien privé, et en cas de complication se rendre à Clermont-Ferrand, distant de 100 km, car le service de stomatologie a été fermé. Si on a besoin d'un IRM, l'attente est de deux mois au minimum, car il n'y a que deux appareils dans toute la région Auvergne, un à Clermont-Ferrand, l'autre à Montluçon. Le service de psychiatrie, quant à lui, n'a que deux postes et demi de médecins, sur les huit nécessaires pour tourner. En cancérologie, au lieu des trois infirmières prévues, il n'y en a que deux, et si l'une d'elles est malade, on rappelle une collègue en repos: belle illustration du Plan Chirac de lutte contre le cancer, "priorité nationale". Parallèlement, la clinique privée a bénéficié de la fermeture de certains services abandonnés par l'hôpital, l'ophtalmologie par exemple.
Suite à cet audit, une commission a été mise en place pour organiser l'installation dans les nouveaux locaux, qui doivent ouvrir entre le 6 et le 10 décembre 2004, commission à laquelle participe... le directeur de la clinique privée. D'ores et déjà on en voit les effets: des services lui sont réservés, comme la chirurgie, plus lucrative que la médecine.
Ainsi, les services offerts à la population par l'hôpital diminuent pendant que l'on offre à la médecine privée des locaux financés par les impôts.