Saint-Lô (Manche) Mobilisation contre des expulsions : Des réfugiés moldaves menacés18/11/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/11/une1894.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Saint-Lô (Manche) Mobilisation contre des expulsions : Des réfugiés moldaves menacés

Il aura fallu une grève de la faim de 19 jours et une importante mobilisation pour que le cas d'une famille moldave de Saint-Lô trouve un semblant de solution.

Sergheï Cohut, sa femme et sa fille sont arrivés de Moldavie il y a trois ans et demi. Ils sont depuis en attente d'une régularisation à Saint-Lô. Sergheï a repris ses études à l'IUT, sa fille, âgée de 9 ans, est scolarisée, et la famille s'est investie dans le milieu associatif. Mardi 2 novembre, la police est intervenue à leur domicile, afin de procéder à leur expulsion. Mais la famille s'était cachée chez des amis.

Les étudiants de l'IUT ont décidé de se mettre en grève pour obtenir la régularisation de Sergheï et sa famille. Mercredi 3 novembre, ils ont une première fois manifesté jusqu'à la préfecture. La délégation reçue par le directeur de cabinet n'a pas obtenu de réponse. Malgré de nombreux témoignages collectés par Sergheï dans son dossier de recours, émanant de membres d'organisations de défense des droits de l'homme, la préfecture met en doute les risques que lui et sa famille encourent s'ils retournent dans leur pays. Sergheï estimait quant à lui la menace suffisamment grave pour avoir mené une grève de la faim du 24 octobre au 12 novembre dernier.

Les étudiants de Saint-Lô ont amplifié leur lutte pour soutenir la famille: occupation de leur IUT, pétitions sur le marché. Des contacts ont été pris avec les étudiants des autres sites de la région. Des pétitions ont circulé à l'université de Caen dès le jeudi 4 novembre, pendant qu'à Cherbourg les élèves de l'IUT ont manifesté en distribuant des tracts aux passants.

La mobilisation ne s'est pas démentie. La manifestation du mardi 9 novembre a regroupé 1500 personnes à Saint-Lô, ce qui est considérable pour la ville. Des passants venus faire leurs courses dans le centre-ville rejoignaient le cortège. Le même jour, près de 200 personnes manifestaient à Cherbourg, et 400 étudiants à Caen.

À l'heure où nous écrivons, la grève de la faim est arrêtée. Sergheï a perdu 13 kilos et a été hospitalisé. La préfecture s'est engagée à ce qu'une solution, "conciliant le respect du droit français et l'aspiration de la famille Cohut à s'installer à Saint-Lô, se concrétise". Mais elle ne veut pas perdre la face et oblige la famille à repartir en Roumanie pour quelques jours, afin d'effectuer sa demande d'un pays situé en dehors de l'espace européen, comme le prévoit la loi. C'est en effet l'ambassade de France en Roumanie qui délivre les passeports de longue durée aux Moldaves. Une collecte a été organisée pour payer le billet aller et retour.

Grâce à une forte mobilisation étudiante, il semble que le cas soit en voie de règlement. Le comité de soutien qui s'est constitué autour de la famille a pris toutes les précautions nécessaires pour que cela se passe bien en Roumanie. La famille ne partira que lorsqu'elle aura les papiers nécessaires à l'obtention du visa: passeport et contrat de travail en France visé par l'Office des migrations internationales. Le comité a par ailleurs noué les contacts en Roumanie pour vérifier que tout se passe bien là-bas.

Partager