Côte-d'Ivoire : Les entreprises françaises et leurs intérêts18/11/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/11/une1894.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Côte-d'Ivoire : Les entreprises françaises et leurs intérêts

Parmi ces "14000 ressortissants français," dont Le Figaro du 16 novembre dit qu'ils "coulaient des jours heureux" en Côte-d'Ivoire jusqu'à ces jours derniers, la plupart étaient sans doute des "petits Blancs", comme ces évacués d'urgence que télés et radios ont interviewés dans les aéroports.

Pourtant, derrière ces images de coopérants, d'employés de grandes entreprises ou de petits commerçants, il y a la présence, massive à l'échelle de la Côte-d'Ivoire, des capitaux français qui tirent tout ce qu'ils peuvent de son économie. Cette réalité-là, c'est précisément celle que veulent masquer les officiels français quand ils prétendent, sans rire, qu'en Côte-d'Ivoire leur armée défendrait la paix civile, et non pas de gros intérêts particuliers.

Parce qu'il s'adresse à un public qui sait à quoi s'en tenir, Le Figaro précise que "les Français, qui possèdent presque toutes les PME du pays, sont un véritable pilier de l'économie ivoirienne". Restauration, petite distribution, industrie d'ameublement, services, elles foisonnent en effet parmi les 600 sociétés françaises présentes en Côte-d'Ivoire. Mais il y a aussi les propriétaires, petits et grands, de plantations (café, cacao, ananas, hévéas, cocotiers) qui produisent pour le marché mondial; les sociétés d'import-export...

"Les sociétés françaises (...) représentent le quart des investissements dans le pays, mais comptent pour près de 50% dans ses recettes fiscales", dit le président de la Chambre de commerce et d'industrie ivoirienne. C'est dire leur poids. !

Directement ou via leurs filiales locales, les grands groupes français s'approprient la plus grosse part de ce gâteau. Présent dans la culture du tabac, le groupe Bolloré contrôle surtout le port d'Abidjan, une bonne partie du transport maritime et l'unique voie ferrée Abidjan-Ouagadougou, par où transite la majeure partie de ce qui entre et sort de Côte-d'Ivoire, ainsi que du Burkina-Faso. Au large, la flotte de Saupiquet se taille la part du lion dans la pêche au thon. Sur terre, France Télécom et Orange contrôlent les deux sociétés ivoiriennes de téléphonie fixe et mobile. Il y a aussi des géants du bâtiment et des travaux publics: Jean Lefebvre, qui a également un pied dans les mines, ou encore Bouygues, qui a amassé une fortune dans les grands travaux (tels ceux de la capitale édifiée sous Houphouët-Boigny, Yamoussoukro) et a la haute main sur la distribution d'eau et d'électricité, là où elles sont distribuées, bien sûr!

Entre autres grands groupes, on trouve Total (qui possède 160 stations-service et contrôle le raffinage du pétrole), SPIE (ingénierie de la construction), Sade (travaux hydrauliques), Accor (hôtellerie), les gestionnaires financiers des aéroports de Marseille et Bordeaux qui ont la concession de l'aéroport international d'Abidjan. Sans oublier les "quatre soeurs" (BNP, Société Générale, Crédit Lyonnais et Crédit Agricole) qui dominent le secteur bancaire.

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