SNCF : Auto-limitation du droit de grève par les syndicats27/10/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/10/une1891.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF : Auto-limitation du droit de grève par les syndicats

À la veille de l'annonce du résultat des discussions sur l'accord prétendument destiné à «l'amélioration du dialogue social et la prévention des conflits» entre les directions syndicales et la direction de la SNCF, qui devrait être rendu public jeudi 28 octobre, l'ensemble des syndicats, à l'exception de Sud-Rail et de FO, semblaient s'apprêter à le signer. Y compris, semble-t-il, la CGT qui présentait la discussion en cours sous un jour favorable: «Ce qui est privilégié avant tout dans ce débat», déclarait-t-elle dans un communiqué, «c'est la question de l'amélioration du dialogue social pour satisfaire les revendications des cheminots et l'amélioration des transports des usagers».

Or, il s'agit, personne ne peut l'ignorer, de la mise en place de ce service minimum dont la droite et le gouvernement ont fait leur cheval de bataille, ou pour dire les choses plus clairement, de la limitation du droit de grève. Que la droite considère la grève, comme une atteinte à la liberté, c'est dans l'ordre des choses. Mais que des organisations qui prétendent représenter les intérêts des travailleurs avalisent ce chantage, c'est une capitulation, pour ne pas dire plus.

Certains syndicats, en particulier la confédération CFDT nous avaient habitués à cette attitude, entre autres, lorsque le gouvernement avait mis en place le démantèlement des retraites des salariés. Sur la question du «service minimum» à la SNCF, elle occupe encore les avant-postes, expliquant qu'il vaut mieux accepter un accord pour éviter une loi sur cette question. C'est d'ailleurs l'un des arguments de la direction de la SNCF. Bien curieuse façon de s'opposer à une mesure que de l'anticiper. Mais les autres syndicats l'ont suivi sur ce terrain, agitant ce risque de loi comme un épouvantail.

Cet accord irait dans le sens de l'amélioration du transport des usagers, a laissé entendre la CGT dans son communiqué. C'est suggérer que la grève contribuerait à la détérioration de ces conditions de transport. Mais cette détérioration, ce ne sont pas les grévistes qui en sont les responsables. Elle est organisée, depuis longtemps par les gouvernements qui, depuis des années, suppriment des lignes, des arrêts dans les gares, du personnel. Le service minimum dont tout ce que ce pays compte de réactionnaires parle, il existe de fait, quotidiennement, sur les réseaux de banlieue et les lignes dites secondaires.

La grève peut être une gêne pour les usagers, c'est vrai; elle n'est jamais faite de gaieté de coeur par les travailleurs. Ils la décident pour se défendre contre les attaques à leurs conditions d'existence, ou pour en obtenir l'amélioration. Elle pénalise d'autres travailleurs, nous radote-t-on. C'est vrai aussi. Mais parmi ces travailleurs, nombreux sont ceux qui comprennent les grèves, parce qu'ils sont dans des situations similaires à celle des grévistes. Les responsables de la gêne, il faut les chercher ailleurs, chez ceux qui contraignent les travailleurs à utiliser ce moyen de se faire entendre.

En signant cet accord d'auto-limitation de la grève, les directions syndicales n'aident pas les usagers à être transportés dans de meilleures conditions, ni les cheminots à protéger leurs droits, par contre elles aident le gouvernement, la droite, le patronat à se sentir encore plus forts face aux organisations syndicales faisant preuve de docilité. Cela ne rendra plus conciliants à l'égard des salariés ni le Medef ni Raffarin-Chirac-Sarkozy. Au contraire. Il n'est qu'à voir en ce moment l'arrogance qu'ils manifestent à l'égard du monde du travail.

Mais ces signatures n'engagent pas les cheminots. L'exemple, même s'il est resté limité, des travailleurs d'Opel, en Allemagne, en a été une illustration récente.

Partager