Taxe sur les ordures ménagères : Il est temps de faire le tri13/10/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/10/une1889.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Taxe sur les ordures ménagères : Il est temps de faire le tri

Parmi les impôts locaux dont beaucoup sont à régler à l'échéance du 15octobre, le montant à débourser pour la taxe sur les ordures ménagères connaît une véritable explosion.

Pour ne citer que quelques exemples, le montant de cette taxe augmente cette année de 10,7% à Créteil dans la banlieue parisienne, de 13,5% à Marseille, de 17,5% à Montpellier, de 48% à Arpajon dans l'Essonne, et même de 330% à Pérols, une commune limitrophe de Montpellier. Ce phénomène n'est pas nouveau, puisque cette taxe avait déjà augmenté en moyenne de 10% sur l'ensemble des communes françaises en 2003. Et en dix ans, son produit total a quasiment doublé, passant de 1,9 milliard d'euros en 1994, à 3,7 milliards l'an dernier. Payer aujourd'hui 200, 300 euros, ou même plus, n'est plus du tout exceptionnel.

Alors, quand on nous dit que les impôts locaux augmenteraient peu, car l'augmentation des taxes d'habitation et foncières sont limitées par la loi, on nous ment, car la taxe d'enlèvement des ordures ménagères, elle, n'est pas encadrée. Et il semble qu'elle soit de plus en plus utilisée par les municipalités ou par les groupements de communes pour faire face à leurs dépenses croissantes, et au désengagement de l'État.

Evidemment, les ordures ne se traitent pas de la même manière qu'il y a quelques dizaines d'années. Les normes de salubrité sont plus strictes, les décharges publiques en plein air disparaissent et c'est heureux. Parallèlement, la quantité de déchets à traiter par habitant ne cesse de croître. Une communauté de communes de la Côte-d'Or, par exemple, avait fait ses prévisions en 1998, en tablant sur 200kg de déchets par habitant et par an avec un maximum de 360kg. Elle en est aujourd'hui à 500kg par habitant.

Mais de ce côté-là, au lieu de culpabiliser la population sur "le manque de civisme", ou sur "le manque de pratique écologique en matière de gestion des déchets", il faudrait plutôt regarder du côté des industriels et les faire payer pour le recyclage de "leurs" déchets. Car la débauche d'emballages, de sur-emballages, de sur-sur-emballages, est liée à leur souci de concurrence, pas vraiment au souci de satisfaire le consommateur.

D'ailleurs, le tri sélectif, présenté dans certaines villes comme un moyen "écologique" de faire des économies en revendant les déchets recyclables, est parfois ressenti comme une arnaque: ce nouveau travail de tri, certainement souhaitable, est fait par les habitants, et pourtant l'enlèvement des ordures est toujours plus cher... pour le profit de quelques sociétés toujours plus riches. Car les municipalités et les communautés de communes abandonnent les unes après les autres la gestion directe de l'enlèvement et du traitement des ordures et la confient à des sous-traitants.

Ce marché des ordures est devenu, en peu de temps, un marché extrêmement profitable. En fait quelques gros trusts se partagent le marché des ordures, en particulier les deux plus gros qui sont les mêmes déjà implantés auprès des municipalités dans la gestion de l'eau: le groupe Suez, ex-Lyonnaise des Eaux avec sa filiale "propreté" Sita, et le groupe Véolia, ex-Vivendi-Environnement avec Onyx qui se présente comme le n°2 mondial de la propreté.

Là aussi, l'argent des contribuables, au lieu de servir à la collectivité et à un service rendu réel, sert à enrichir une fois de plus quelques sociétés privées.

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