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Israël - Palestine : À Gaza, l'horreur au quotidien
Depuis plus de deux semaines, l'armée israélienne mène une offensive meurtrière au nord de la bande de Gaza. L'opération décidée par Sharon, cyniquement baptisée "Jours de pénitence", a déjà tué 114 Palestiniens, dont près d'un quart d'enfants de moins de 16 ans.
Une enquête a été ouverte lundi 11 octobre en Israël après la mort d'une fillette de 13 ans. Quelques jours plus tôt, à Rafah, au sud de Gaza, elle avait été prise pour cible par des soldats israéliens, alors qu'elle se rendait à l'école en uniforme scolaire. Prise de peur, elle avait fui en abandonnant son cartable, que les tireurs auraient, disent-ils, pris pour une bombe. La fillette a été alors criblée de balles. Le quotidien israélien Yediot Aharonot, que l'on ne peut suspecter de ne pas soutenir la politique du gouvernement de droite, a publié des témoignages de soldats israéliens dénonçant l'attitude de leur officier qui, s'approchant du corps de la fillette, aurait tout d'abord tiré deux balles puis tout un chargeur. De tels actes montrent à l'évidence combien cette guerre est non seulement meurtrière, mais destructrice aussi de toute conscience humaine.
Malheureusement, c'est la barbarie qui a répondu à la barbarie, avec l'attentat de Taba en Égypte où ont péri plusieurs dizaines de touristes, la plupart israéliens. Mais la responsabilité dans le conflit est bien, elle, du côté des gouvernants d'Israël. L'objectif de Sharon, comme celui de ses prédécesseurs, est de maintenir, voire d'accroître, la spoliation de la population palestinienne.
Car même si Sharon maintient son "plan de désengagement", qui prévoit le démantèlement , d'ici à l'automne 2005, des 21 colonies israéliennes de Gaza et de quatre implantations du nord de la Cisjordanie, il gardera la mainmise sur une grande partie de la Cisjordanie, les enclaves palestiniennes étant emmurées, isolées, en un mot transformées en camps d'enfermement à ciel ouvert.
Et encore, il n'est même pas sûr que l'avenir promis par Sharon aille jusqu'à la constitution d'un État palestinien, même en miettes. Son conseiller et bras droit, Dov Weissglass, a d'ailleurs crûment déclaré au quotidien israélien Haaretz que le véritable objectif du plan de retrait de Gaza est "d'empêcher la création d'un État palestinien". "Le désengagement", a-t-il dit, "c'est vraiment un flacon de chloroforme [...], la dose de chloroforme suffisante pour qu'aucun processus politique ne soit engagé avec les Palestiniens". À la suite de ces propos, qui ont suscité des demandes d'éclaircissement de la part du département d'État américain, les services de Sharon ont publié une mise au point qui se voulait rassurante quant aux bonnes intentions de celui-ci sur la poursuite de la "feuille de route", le projet de règlement de la situation israélo-palestinienne.
Mais qui croire? De toute façon, ce sinistre pas de deux des dirigeants israéliens ne parvient pas à masquer l'angoissante réalité de la situation dans le territoire de Gaza: un million et demi de Palestiniens y vivent dans des conditions déplorables faites de pauvreté et de désespoir et où la mort peut frapper à tout moment, au passage d'un char israélien, d'une patrouille de soldats ou lors d'un attentat "ciblé" commis avec force roquettes.
Comment alors ne pas comprendre la colère et la détermination de tout un peuple?