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Dans le monde
États-Unis : Une société de plus en plus inégalitaire
La situation économique et sociale des États-Unis est marquée par une croissance, de plus en plus rapide, des inégalités. Cette dégradation sociale est le fruit d'une politique constante des deux partis de la bourgeoisie américaine qui se relaient aux affaires.
Les États-Unis, dont les dirigeants ont la prétention d'imposer leur modèle au monde entier, sont une des sociétés les plus inégalitaires de la planète. Les inégalités sociales y ont toujours été très fortes, mais elles continuent à se creuser. À la fin des années soixante-dix, un patron gagnait en moyenne trente fois plus que ses salariés. À la fin des années quatre-vingt, c'était trente-cinq fois plus. Mais en 2003, c'était trois cents fois plus.
La moitié des ménages américains, les "classes moyennes" auxquelles Bush et Kerry disent s'adresser dans leur campagne, possèdent des actions. Mais les 20% les plus riches de ces actionnaires possèdent 90% du total. Et le pour-cent le plus riche en contrôle 30%. Et, quels que soient les hauts et bas de la Bourse, au fil des années, la concentration des richesses ne cesse d'élargir l'écart non seulement avec les plus pauvres mais également entre les très riches et les classes moyennes. Entre 1982 et 2003, la fortune des dix Américains les plus riches a été multipliée par six ou sept. Au fil des années, les grandes familles de la bourgeoisie américaine, les Rockefeller, Mellon, Vanderbilt et autre Du Pont, n'ont cessé de renforcer leur puissance et donc leur emprise sur la société.
À l'opposé, la situation des plus pauvres n'a cessé de se dégrader: en 2003, les 20% d'Américains les plus pauvres ne se partageaient que 3,4% des revenus. C'est le niveau le plus bas depuis une quarantaine d'années, date à laquelle les États-Unis ont commencé à tenir ce genre de statistiques. Et la situation des travailleurs dépend de leur capacité à conserver un emploi. Or, l'économie américaine, si elle a renoué avec la croissance, n'a guère créé d'emplois. Selon certains économistes, il en manquerait plus de six millions. Pour ceux qui ont un emploi, les salaires ne progressent pas, quant à ceux qui perdent le leur, en retrouver un entraîne en moyenne une baisse des salaires de 16% (contre 2% dans les années quatre-vingt-dix).
En descendant l'échelle sociale, cela veut dire que le nombre des travailleurs pauvres, ceux qui ont un salaire mais qui peuvent par exemple être sans logis, grandit. Entre 2000 et 2003, le nombre des pauvres officiellement recensés est passé de 32 à 36,3 millions. C'est pourquoi les États-Unis comptent 13 millions d'enfants pauvres de moins de 18 ans, soit un enfant sur cinq dans cette classe d'âge.
À tous ceux-là viendront s'ajouter une partie des chômeurs en fin de droits de l'année 2004. Ils étaient déjà 2,2 millions sur les sept premiers mois de l'année. Et, comme la protection sociale a été rognée au fil des ans, on recense aujourd'hui 45 millions d'Américains sans assurance maladie ou avec des retraites minuscules. Quant aux aides aux pauvres, elles ont été réduites au fil des ans.
Les présidents républicains et démocrates, et leur administration, se sont relayés aux affaires pour réduire et diminuer les budgets sociaux.
Quand, dans le passé, un coup d'arrêt a été porté à ces politiques antiouvrières, ou quand les systèmes d'assurance maladie ou de minimum vieillesse, bien insuffisants, ont été mis en place, c'était d'abord parce que des mouvements sociaux profonds avaient pesé et obligé les pouvoirs publics à prendre ces mesures.
Tout le reste n'est que poudre aux yeux électorale.