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États-Unis : Second débat Bush-Kerry: un match de nuls
Vendredi 8 octobre, le président républicain sortant, George Bush, et son challenger, le démocrate John Kerry, se sont affrontés pour la seconde fois devant les caméras de télévision. Cette fois, c'était une poignée d'électeurs, triés sur le volet, qui posaient des questions "en direct" aux deux candidats.
Une large partie du débat était à nouveau consacrée à la politique extérieure des États-Unis et principalement à la situation en Irak. Kerry a continué d'expliquer, comme dans le précédent débat, que s'il était à la place de Bush, il ferait plus et mieux, ce qui suggère que, s'il était élu, les États-Unis resteraient en Irak.
Les récentes déclarations du responsable des inspecteurs américains chargés de retrouver les "armes de destruction massive", expliquant qu'en fait il n'y en avait plus depuis 1996 et que Saddam Hussein avait commencé le démantèlement de ses installations atomiques dès 1991, amenaient de l'eau au moulin de Kerry plutôt qu'à Bush.
Mais d'autres sujets de politique intérieure ont été effleurés: l'emploi (en quatre ans, 1,6 million d'emplois ont disparu), les impôts, le déficit budgétaire, le système de santé, l'avortement, la recherche médicale, le choix des juges de la Cour suprême ou encore les libertés individuelles sous le régime des Patriot Acts qui, à la façon des lois Perben ici, ont augmenté les pouvoirs des services de répression et réduit les droits des citoyens.
Kerry a reproché à Bush la progression rapide du déficit budgétaire: en quatre ans le budget excédentaire de 5600 milliards de dollars est devenu déficitaire de 2100 milliards de dollars. Bush a ironisé quand Kerry a prétendu, "les yeux face à la caméra", qu'il n'augmenterait pas les impôts s'il est élu.
Kerry a critiqué les baisses d'impôts profitables aux plus riches: "L'année dernière, le président a donné 89 milliards de dollars au 1% de la population qui a le plus de revenus en Amérique". A t-il proposé d'en finir avec les baisses d'impôts? Non, Kerry prétend les poursuivre seulement pour ceux dont les revenus sont inférieurs à 200000 dollars par an. Comment le croire alors qu'à un autre moment du débat il parlait seulement de "freiner"la baisse d'impôt pour ceux dont les revenus dépassent 200000 dollars.
Un peu avant, Kerry s'en était pris au refus de Bush d'importer des médicaments, moins chers, en provenance du Canada (un moyen d'équilibrer les comptes du système de santé américain). Il avait rappelé à cette occasion que, quatre ans auparavant, dans le même débat mais cette fois avec Gore, Bush avait répondu qu'importer des médicaments du Canada était une "bonne idée". Comme quoi, les promesses ou suggestions des candidats à la présidence n'engagent que... les électeurs qui s'y laissent prendre. Et cela vaut aussi bien pour les Républicains que pour les Démocrates.
Mais au fond, qu'importent ces débats, qui sont des exercices réglés d'avance et où les deux candidats se gardent bien d'aborder le fond des problèmes! Une fois élu, le prochain président des États-Unis, quel qu'il soit, ne rendra de comptes qu'aux véritables dirigeants du pays, qui ne sont pas les électeurs comme on le prétend, mais les actionnaires principaux des entreprises et des banques.