Délocalisations, un aveu du Medef13/10/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/10/une1889.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Délocalisations, un aveu du Medef

Les délocalisations? Bien des patrons les agitent pour exercer un chantage afin d'obtenir une baisse de salaires, une aggravation des conditions de travail, et pour tenter de faire croire que les licenciements seraient inévitables.

Cependant, dans un rapport qui vient de paraître, le Medef reconnaît que les délocalisations ne sont pas si importantes qu'on le dit: "Leur impact médiatique et social est indéniable même s'il faut ramener le phénomène à ses justes proportions: 4% des investissements français se font dans les pays en développement, moins de 10% dans les pays d'Europe centrale et orientale".

De plus, si certains emplois créés par des entreprises françaises à l'étranger remplacent des postes de travail en France, d'autres ne correspondent pas à des transferts d'emplois à l'étranger. Le Medef souligne d'ailleurs que la France constitue une terre d'accueil pour les capitaux étrangers: "La France se targue volontiers d'être un pays attractif pour les investissements étrangers. Elle présente des atouts indéniables: une main-d'oeuvre qualifiée, de bonnes infrastructures". Chiffres à l'appui, le Medef indique que, pour la masse de capitaux étrangers qui s'investissent, la France se situe au deuxième rang, juste derrière la Chine, et qu'elle devance les États-Unis, l'Allemagne, le Royaume-Uni, le Japon, etc. Par exemple, le flux de capitaux entrant en France est plus de douze fois celui qui entre en Pologne.

La conclusion logique serait de dire que, lorsque le gouvernement et les médias réduisent le problème des suppressions d'emplois à celui des délocalisations, ils mettent à côté de la plaque puisque, malgré le nombre limité des délocalisations et l'importance de l'implantation des entreprises étrangères, le nombre de chômeurs continue de croître et le nombre de RMIstes explose.

Mais le Medef, pas fou, applaudit des deux mains les mesures que le gouvernement est en train de faire passer en faveur du patronat, en invoquant la lutte contre la délocalisation: diminution de l'impôt sur les sociétés, prolongation de l'allégement de taxe professionnelle, nouveaux avantages fiscaux consentis aux patrons qui se regroupent en "pôles de compétitivité". Et dans la foulée, le Medef en demande encore plus.

La "délocalisation" est devenue un mot magique pour faire tomber des subventions et des dégrèvements supplémentaires dans l'escarcelle des patrons. Quant au chômage, il est alimenté par de nouveaux licenciements que les patrons continuent d'avoir le droit de décider sans limite.

Partager