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Dans les entreprises
Connex Nancy : Le responsable du syndicat CGT licencié
C'est mercredi 6 octobre, alors qu'il était au volant de son bus, que Jean-Louis Bourgatte a reçu sa lettre de licenciement des mains d'un huissier. Quelques jours auparavant, de Robien, le ministre des Transports, avait fourni à la direction de la Connex, la société privée qui exploite les transports en commun de l'agglomération nancéenne, l'autorisation de licenciement qu'elle lui demandait. Il allait ainsi contre l'avis du Comité d'entreprise et contre celui de l'inspectrice du travail ainsi que du directeur régional de l'Inspection du travail et des transports.
Pour justifier le licenciement de Jean-Louis Bourgatte, qui est délégué syndical CGT et secrétaire du CE, et travaille dans l'entreprise depuis 1977, la Connex invoque des injures. Les propos vifs qui ont été échangés au cours d'une réunion de CE ne sont bien sûr qu'un prétexte, la direction n'ayant aucun reproche à lui faire sur son travail. En se débarrassant de lui, elle veut frapper le syndicat CGT, qui est majoritaire à 74%, parce qu'il lui a toujours résisté. Il a mené de nombreux combats, dont une grève en 1998 pour la réduction du temps de travail qui a duré 14 jours.
Au moment où le tram de Nancy défrayait la chronique par ses accidents à répétition, alors que la direction de la Connex n'avait pas hésité à accuser les chauffeurs, la CGT posait le problème de la sécurité; les enquêtes qui ont suivi lui ont donné raison et le tram est maintenant obligé de rouler à moins de 10 kilomètres à l'heure dans certains virages pour éviter le déraillement!
Le syndicat entendait défendre aussi les intérêts des usagers et des contribuables. Et la Connex, filiale de Veolia (l'ex-Vivendi), ne lui pardonne pas d'avoir dénoncé publiquement l'emprise du groupe Vivendi sur la plupart des services de l'agglomération nancéenne et de s'être adressé à la population pour dénoncer l'attribution du marché du transport urbain à la Connex et les conditions particulièrement avantageuses accordées à l'entreprise privée. Cela vaut à J-L Bourgatte et à deux de ses camarades de passer devant le tribunal correctionnel le 18 octobre, alors que la Chambre régionale des comptes a, elle-même, épinglé la Communauté urbaine pour l'opacité de ses relations avec la société privée de transports.
En voulant faire taire un militant syndical, c'est à l'ensemble des salariés de l'entreprise que le patron veut imposer le silence.
Le lendemain du licenciement, sans aucun préavis de grève, plus de 70% des chauffeurs ont tenu à manifester leur soutien à leur camarade en ne prenant pas le travail. D'autres actions vont être organisées dans les jours qui viennent. Il est bien évident que ce qui se passe à la Connex déborde largement le cadre de l'entreprise et concerne tous les salariés.