Depuis fin septembre, un des établissements du Centre Hospitalo-Universitaire (CHU), l'Hôpital Nord, est en grève illimitée.

Le mouvement est parti du service de rééducation où plusieurs absences non remplacées d'infirmiers et d'aides-soignants avaient engendré une situation invivable.

L'Hôpital Nord comporte essentiellement des services de gériatrie et de soins palliatifs et est depuis toujours le "parent pauvre"du CHU déjà bien mal loti, comme tous les services hospitaliers. Selon la direction elle-même, il manque 38 infirmiers et aides-soignants pour cet établissement.

Dès la deuxième assemblée générale du service, des personnels de long séjour, jour et nuit, sont venus faire part de leur ras-le-bol et de leur écoeurement devant leurs conditions de travail: rappel sur les jours de repos, congés déplacés, des nuits infernales à deux pour soixante-dix patients.

Dans certains services, les aides-soignantes ont calculé qu'elles ont huit minutes pour faire une chambre: le lit et la toilette du patient, et cinq minutes par personne pour les aider à prendre leur repas!

La grève a été votée à l'unanimité, mais concrètement, comme c'est le plus souvent le cas dans les hôpitaux, tout le monde se retrouve réquisitionné pour assurer le service. D'ailleurs, même en assignant l'ensemble du personnel, dans certains services on est encore en dessous du minimum

Actuellement, les différents rendez-vous avec les directeurs et élus locaux n'ont apporté que des promesses, quelques petits remplacements ponctuels, et... huit lits fermés. Des lits fermés alors qu'on nous demande d'accepter de travailler un jour férié par "solidarité avec les personnes âgées"!

Le directeur général, qui avait jusque-là toujours refusé de recevoir les grévistes, a cependant dû se déplacer à l'Hôpital Nord devant l'extension du mouvement. Depuis quelques jours, des préavis de grève se multiplient dans d'autres services du CHU pour les mêmes raisons de manque d'effectifs, et lors de l'assemblée générale du 7 octobre, il a été question d'aller diffuser des tracts sur la grève dans les autres établissements du CHU (Gabriel-Montpied et Hôtel-Dieu).

Les médias ont fait état du mouvement les premiers jours, mais étaient absents à l'AG du 7octobre. Il faut dire que ce jour-là l'actualité régionale était très chargée: le maire et le directeur général de l'hôpital s'offraient quatre pages centrales en couleur dans le journal La Montagne pour faire la publicité du futur hôpital Estaing prévu en... 2008. Et d'ailleurs le lendemain, chaque hospitalier recevait dans sa boîte à lettres un exemplaire dudit journal "N° offert par le CHU de Clermont-Ferrand ".

C'est tout un symbole: on a besoin de personnel supplémentaire, la direction nous envoie... du papier! En attendant, la colère du personnel de l'Hôpital Nord se maintient. Il a été décidé de prolonger la grève, et une nouvelle assemblée générale était prévue le jeudi 14octobre.