Agriculteurs : La hausse du prix de l'essence et ceux qui la payent13/10/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/10/une1889.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Agriculteurs : La hausse du prix de l'essence et ceux qui la payent

Après les marins pêcheurs, les paysans manifestent à leur tour contre la hausse du prix du pétrole -aujourd'hui le baril est à plus de 50 dollars- et ses conséquences sur leur niveau de vie.

Mardi 12 octobre, ils ont installé des barrages, bloquant totalement ou partiellement l'accès à des dépôts pétroliers près d'Amiens, de Toulouse et de Mulhouse et à une raffinerie dans la banlieue de Strasbourg. Les manifestants, membres des Jeunes agriculteurs de Haute-Garonne ou de la Coordination rurale ont appelé "tous les professionnels qui utilisent des carburants, mais aussi tous les particuliers, à venir avec nous bloquer les centres de stockage pour faire pression sur le gouvernement et faire baisser les taxes sur les carburants". Ils expliquent que le prix du fioul a augmenté de plus d'un quart en un an, augmentation qui grève lourdement leur budget (chauffage, tracteurs, moissonneuses-batteuses, etc.).

Ces paysans en colère demandent "que l'État nous exonère, au moins pour un temps, de la taxation, qui augmente aussi en même temps que le pétrole, puisqu'elle est un pourcentage fixe sur le prix". Cette taxe est la TIPP (Taxe intérieure sur les produits pétroliers). Pour les agriculteurs, elle est moins élevée -5,66 euros tout de même par hectolitre- que pour les particuliers - plus de... 80% du prix total des carburants.

Quant à la FNSEA, principal syndicat agricole, interlocuteur privilégié des gouvernements de droite comme de gauche, elle demande de revenir à la TIPP flottante, supprimée en 2002 par Raffarin et dont l'objectif, lors de sa mise en place par Fabius en 2000, était de diminuer un peu les taxes sur l'essence en cas d'augmentation du prix du baril et... réciproquement. Mais la suppression de la TIPP flottante avait rapporté plus d'un milliard d'euros à l'État et Raffarin a répondu qu'il n'était pas question de la rétablir.

Pour le moment, le gouvernement a reçu la FNSEA et par la voix de Dominique Bussereau, secrétaire d'État au Budget, il s'est contenté d'annoncer une réunion d'ici à la fin du mois pour prendre "de nouvelles initiatives" et discuter avec "toutes les catégories qui souffrent". Quant à Sarkozy, il a annoncé que, pour les agriculteurs, le carburant serait détaxé de 4 centimes d'euro, mais seulement pour la période de juillet à fin décembre 2004. Et il a confirmé le refus du gouvernement de toucher à la TIPP. Le gouvernement laisse donc les paysans supporter l'essentiel des conséquences de l'augmentation du pétrole.

À l'automne 2000, des manifestations de paysans, bloquant des dépôts et des raffineries, leur avaient permis d'obtenir un remboursement partiel de la TIPP. La semaine dernière, le blocage de certains ports par les marins pêcheurs a amené le gouvernement à proposer le report du paiement des charges sociales et fiscales et à mettre en place un service d'avances remboursables pour faire face à la hausse du gazole. C'est la preuve que le seul discours auquel les ministres et secrétaires d'État sont sensibles, c'est celui de l'action. C'est l'exemple à suivre pour que les paysans et les marins pêcheurs mais aussi les consommateurs et tous les travailleurs contraints de se déplacer en voiture ne fassent pas les frais de la hausse du pétrole, pendant que les profits des compagnies pétrolières, eux, montent au zénith.

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