Violence dans les écoles : Moins de surveillants mais un policier au bout du fil07/10/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/10/une1888.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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Violence dans les écoles : Moins de surveillants mais un policier au bout du fil

Les ministres de l'Éducation et de l'Intérieur, en visite dans un établissement scolaire réputé "sensible" de Dreux, ont annoncé la nomination d'un policier ou d'un gendarme qui serait le correspondant désigné pour chaque collège et lycée. Il s'agit, pour les ministres, "de faire reculer la violence scolaire dans tous les établissements". Ce serait même, disent-ils, "une urgence absolue".

Les cas de bagarres, de racket, d'attitudes et de comportements violents sont en augmentation dans nombre d'établissements scolaires. Les statistiques du ministère le montrent et surtout les premiers intéressés, élèves et personnels de l'Éducation nationale, le subissent au quotidien. Ce sont les collèges et les lycées situés dans les quartiers délaissés, ceux où le taux de chômage est le plus élevé, les salaires les plus bas, les logements de mauvaise qualité, les équipements sociaux délabrés ou inexistants, ceux en fait où l'avenir est le plus sombre, qui sont le plus touchés par les comportements violents.

Pour tenter de contrebalancer cette dégradation de la vie sociale et pour que l'école reste un lieu où les enfants des classes populaires puissent apprendre quelque chose, il faudrait beaucoup plus d'attention donnée aux élèves, qu'ils soient mieux encadrés, par des adultes plus nombreux. Le ministère le sait fort bien d'ailleurs et il a même créé les "classes relais" pour les élèves particulièrement difficiles. Il s'agit de les répartir en tout petits groupes, de s'en occuper quasi individuellement. Il y a aujourd'hui 251 de ces classes, avec 14 élèves en moyenne. L'objectif serait d'en doubler le nombre, pour s'occuper au mieux de 7000 élèves. Mais, rapporté aux cinq millions d'élèves des collèges et des lycées publics, c'est une goutte d'eau dans la mer.

Et pour les millions d'autres, eh bien, il n'y a rien! Les syndicats parlent de 30000 jeunes adultes (essentiellement des "pions") retirés en trois ans des établissements scolaires. Les suppressions de postes d'enseignants se sont aussi chiffrées par milliers en 2004 et 2005. Il y a également moins de personnels techniques et administratif dans les établissement scolaires.

On en arrive même à des situations absurdes. À Blois par exemple, un proviseur fait appel à une société de gardiennage et paye 38000 euros par an, pris sur le budget général du lycée et donc retirés à l'éducation, pour avoir un vigile à la porte. D'après ce proviseur, les surveillants avaient déjà été remplacés par des CES, puis le nombre de CES était devenu insuffisant pour assurer la sécurité à l'entrée.

Les établissements scolaires perdent ainsi petit à petit leurs moyens humains. Et lorsqu'il y a une catastrophe, un incendie, une bagarre qui tourne mal, une agression contre un professeur, il faut que les personnels manifestent et que la presse soit alertée pour que les rectorats envoient quelques adultes en plus. C'est le résultat d'une politique délibérée des gouvernements successifs, une politique d'économies, faites sans souci des conséquences sociales.

Quant au "policier correspondant", il fait partie d'une opération publicitaire. Ceux des chefs d'établissement qui en ont malheureusement besoin sont déjà en rapport avec la police et n'ont pas attendu Fillon et Villepin. En fait, la seule chose qui va, peut-être, changer c'est que ce serait toujours le même policier qui aurait affaire au même établissement scolaire, s'il est présent au bon moment. Pas de quoi fouetter un chat.

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