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Synthron-région de Tours : Un patron pollueur devant la justice
Le directeur de l'usine chimique Synthron, qui emploie 125ouvriers à trente kilomètres de Tours, et le PDG du groupe Protex, à qui appartient l'usine, ont été convoqués le 30septembre devant un tribunal. Il leur est reproché de n'avoir pas répondu à de multiples mises en demeure de se mettre en règle avec la législation sur les établissements classés à risques.
Le PDG, Robert Moor, qui appartient à l'une des familles les plus riches de France (avec une fortune évaluée à 50millions d'euros), ne s'est pas présenté à l'audience. Condamné une première fois à une peine de prison avec sursis après un incendie de l'usine il y a plus de quinze ans, il n'en est pas à son coup d'essai en matière de pollution et d'installations dangereuses.
Dans le passé, le patron n'avait pas tenu compte de multiples arrêtés préfectoraux qui, depuis 1975, lui demandaient une mise en conformité de l'usine et notamment la construction d'une cuve susceptible de recueillir les eaux servant à éteindre un éventuel incendie. À nouveau en 1987, un inspecteur de l'administration chargée de la sécurité des usines, la DRIRE, avait verbalisé, mais le directeur de l'usine avait obtenu du préfet un délai de huit mois supplémentaires... pendant lequel avait éclaté l'incendie. Un ouvrier avait été blessé gravement, des sauveteurs intoxiqués, des centaines de personnes évacuées à la hâte et les eaux utilisées par les pompiers, ne pouvant être retenues, s'étaient déversées avec quantité de polluants dans les rivières, privant la population de l'agglomération de Tours d'eau potable pendant cinq jours.
En 2002, un inspecteur de la DRIRE décrivait "un désordre indescriptible dans la zone d'entreposage", des "fûts déformés, mal identifiés, empilés sur des palettes cassées", des "sacs éventrés laissant échapper leur contenu", des "sols recouverts pour partie de produits chimiques", un "encombrement, empêchant ainsi toute intervention en cas de sinistre".
Malgré les catastrophes et les multiples accidents quotidiens, la loi laisse aux patrons la responsabilité d'établir les études de danger et de déterminer eux-mêmes les mesures à prendre pour y faire face. Les inspecteurs de la DRIRE sont en théorie chargés du contrôle. Ces inspecteurs étaient 1119 en février dernier. Les recrutements annoncés à grand renfort de publicité par divers ministres de l'Environnement se sont limités à 150 emplois supplémentaires en deux ans, ce qui reste dérisoire.
Reste aux travailleurs à faire respecter eux-mêmes la sécurité. C'est ce qu'ils avaient fait l'année dernière à l'usine Synthron, en arrêtant le travail pendant quatre jours pour que soient appliquées les mesures de sécurité.