RMI : Plus d'un million de travailleurs jetés aux oubliettes07/10/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/10/une1888.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

RMI : Plus d'un million de travailleurs jetés aux oubliettes

Les chiffres qui viennent d'être publiés concernant le nombre d'allocataires du RMI montrent qu'ils dépassent le million: 1039000 exactement touchent ce revenu de la misère -un peu plus de 400 euros par mois. Depuis sa création, le nombre de personnes touchant le RMI n'a pratiquement pas cessé de monter. Mais cette fois-ci, il a grimpé de plus de 10% en un an.

Une partie de cette hausse est due au raccourcissement brutal de la durée des indemnités de chômage décidé l'an dernier. De nombreux chômeurs en fin de droits ont ainsi basculé dans le RMI. Certains de ces chômeurs spoliés se sont rebellés et ont obtenu, pour la plupart, gain de cause auprès des tribunaux. Ils sont ou seront "recalculés". Hélas ils ne gagneront au total que quelques mois avant d'être comptés de nouveau dans les RMIstes.

Les allocataires du RMI -il est bien difficile de parler de "bénéficiaires"- ont en effet très peu d'espoir de sortir de ce véritable enfermement social. Le montant de cette indemnité est calculé pour les maintenir au minimum de ce qui est indispensable, mais ne permet ni de se vêtir correctement, ni de se loger, ni de bien s'alimenter, et ne donne que très peu de chances de retrouver un travail et un salaire normaux.

Les inventeurs du RMI en 1988, Rocard, Mitterrand et Bérégovoy, soutenus alors par les députés de gauche et de droite, ont insisté sur le "I" de RMI, expliquant que ce dispositif visait l'insertion, alors qu'il s'agissait en fait d'une exclusion, avec peu d'espoir de retour.

Ce système économique, qui accumule les richesses d'un côté, a institué de l'autre une couche de pauvres à laquelle il donne au plus juste. Depuis son origine, le RMI est l'illustration du fait que notre société se moque de donner un travail à une partie grandissante de sa population. On a encore pu le constater avec la création récente du RMA (revenu minimum d'activité), qui proposait aux patrons de faire travailler les RMIstes en n'ayant presque rien à payer. Même dans ces conditions, le patronat n'a pas marché, car c'est lui, et lui seul, qui décide de ce qui lui convient. Il n'y aurait, à ce jour, que quelques centaines de contrats RMA.

Le nombre de RMIstes risque encore d'augmenter: il est alimenté par le développement du chômage de longue durée, or le nombre de chômeurs a lui aussi augmenté, atteignant officiellement 2450000 personnes, et dans ce nombre il y a toujours davantage de chômeurs de longue durée.

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