Nous pouvons cesser de subir07/10/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/10/une1888.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Nous pouvons cesser de subir

Malgré la "reprise économique" dont se vantent les ministres, les derniers chiffres du chômage sont là: 2,2% de hausse du chômage en un an. 2,4 millions de chômeurs officiellement recensés, pas loin d'un travailleur sur dix. Et ces chiffres ne tiennent pas compte de ceux qui ont été rayés des listes ou qui, découragés, ne pointent plus. Et ni les intérimaires, ni les autres catégories de travailleurs précaires ne sont considérés comme chômeurs.

Rien d'étonnant que le chiffre des RMIstes explose et que 1,6 million de personnes soient obligées de vivre, si l'on peut dire, avec 400 euros par mois!

L'aggravation du chômage concerne tous les travailleurs, car ils sont tous des chômeurs en puissance. Il n'y a pas une semaine sans annonce d'un plan de licenciements de la part des grosses entreprises, y compris parmi les plus puissantes et les plus riches, sans parler des innombrables entreprises petites et moyennes qui licencient discrètement.

Le patronat, responsable de ces licenciements et du chômage, en profite pour faire pression sur les conditions et l'intensité du travail ou sur la discipline. Il n'y a pas qu'à Auchan qu'on licencie pour un oui pour un non: dans le cas d'Auchan, plusieurs caissières mises à la porte après dix ou quinze ans de travail, simplement pour avoir utilisé pour quelques euros de bons de réduction distribués aux clients.

Le grand patronat en profite surtout pour peser sur les salaires, qui subissent, de plus, des prélèvements en croissance. Et pendant que le pouvoir d'achat des travailleurs baisse, les profits des grosses entreprises augmentent dans des proportions extravagantes: 68% de profits en plus pour les plus grandes des plus grandes entreprises, entraînant un accroissement parallèle des revenus des actionnaires. La bourgeoisie capitaliste vit littéralement de l'appauvrissement général du monde ouvrier. Appauvrissement soutenu par le gouvernement, qui non seulement contribue aux profits capitalistes avec des subventions de toute sorte, mais participe à la démolition des conditions d'existence des travailleurs en s'attaquant aux retraites, à l'assurance-maladie ou en diminuant l'emploi dans les secteurs encore publics.

Devant un public de patrons, Sarkozy s'est vanté des succès du gouvernement. La réforme de l'assurance-maladie, disait-il, avance sans provoquer une seule manifestation; l'EDF est en train d'être privatisée sans une seule journée de grève. Ces gens-là sont fiers de la réussite de leurs attaques contre le monde du travail. Mais, dans la vantardise même d'un Sarkozy, il y a en filigrane une crainte: celle d'une réaction du monde du travail.

Eh bien oui, c'est à cette réaction qu'il faut se préparer. Il n'y a pas d'autre moyen d'arrêter les mesures antiouvrières du patronat et du gouvernement, d'arrêter la baisse des salaires réels et les licenciements, qu'un soulèvement du monde du travail.

Cette année, les confédérations syndicales n'ont rien proposé à la rentrée, pas même une manifestation ou une journée d'action d'ensemble. Cela ne suffirait certes pas à faire reculer le patronat et le gouvernement, mais montrerait au moins que les travailleurs refusent les coups et que ceux d'en face ont tort de penser qu'ils peuvent continuer impunément.

Les initiatives catégorielles dans le désordre et préparées sans conviction, comme celle de la métallurgie, sont un pis-aller, car tous les travailleurs subissent les mêmes attaques et c'est ensemble qu'ils peuvent prendre conscience de leur force. Il faut cependant que cette journée, comme d'autres, soit un succès. C'est la seule façon de faire pression sur les confédérations, afin qu'elles cessent d'en appeler à la "politique de concertation", ce qui, dans les conditions actuelles, signifie se coucher devant le patronat.

La voie de la lutte est peut-être difficile, mais il n'y a pas d'autre voie si l'on ne veut pas qu'ils nous enfoncent tous, travailleurs en activité, au chômage ou retraités, dans la pauvreté.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 4 octobre 2004

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