Lycées professionnels : Huit heures de travail en plus par semaine ?07/10/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/10/une1888.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Divers

Lycées professionnels : Huit heures de travail en plus par semaine ?

En Seine-Saint-Denis (et sans doute ailleurs), des inspecteurs font la tournée des lycées professionnels pour informer les enseignants qu'à la rentrée prochaine il est prévu de faire passer leur temps de présence de 18 à 26 heures hebdomadaires -sans augmentation de salaire.

Actuellement, les professeurs n'assurent que 18 heures de cours. Mais si l'on ajoute les préparations, les corrections, le temps passé auprès des élèves ou de leur famille ainsi que les tâches administratives sans cesse croissantes, le temps de travail effectif est bien souvent doublé. Cependant -et c'est là un des intérêts de la profession- ce travail hors enseignement peut être effectué à n'importe quel moment, le soir après s'être occupé des enfants, pendant le week-end ou les vacances scolaires, etc. Cette souplesse des horaires est un avantage pour les femmes, largement majoritaires dans le métier, car elle leur permet d'être disponibles pour leurs enfants. Une présence dans l'établissement augmentée de près d'un tiers va poser des problèmes aux plus jeunes d'entre elles, qui ont des enfants en bas âge.

On dit que ces huit heures de présence supplémentaires permettraient de faire ce travail au lycée, ce qui libérerait les professeurs une fois rentrés chez eux -comme s'ils n'étaient pas capables de gérer eux-mêmes leur travail! Et puis, pour pouvoir travailler sur place, il faudrait qu'il y ait des espaces calmes disponibles, ce qui est loin d'être le cas dans nombre de lycées professionnels de banlieue, trop petits déjà pour faire travailler les élèves dans de bonnes conditions.

On a aussi présenté cette surcharge horaire comme allant dans l'intérêt des élèves, qui pourraient ainsi demander de l'aide à leurs professeurs en cas de besoin (ce qui se pratique déjà, les enseignants n'ayant pas pour habitude de claquer la porte au nez des élèves qui viennent les solliciter).

Enfin, les inspecteurs ont mis en avant le fait que la présence d'adultes en plus grand nombre dans un établissement permettait de mieux encadrer les élèves. Si les enseignants sont d'accord sur cette nécessité, ils ne le sont pas sur la méthode. Car qui est responsable de la baisse du nombre d'adultes? Qui a supprimé les emplois-jeunes pour les remplacer par un nombre plus faible d'assistants d'éducation? Qui ferme des sections pour surcharger les classes qui restent? Qui a annoncé que les départs à la retraite prévus pour les prochaines années ne seraient pas tous remplacés, sinon le ministère de l'Éducation nationale? Et maintenant, il veut faire supporter aux professeurs les conséquences de cette politique d'économies qui va à l'encontre de l'intérêt des élèves et des adultes.

Dernier pseudo-argument servi: la France serait le seul pays de l'Union européenne où les enseignants auraient aussi peu d'heures de présence, d'où la "nécessité" d'unifier les pratiques -par le bas, comme pour les autres législations. Une fois de plus, l'Europe a bon dos quand il s'agit de s'attaquer aux conditions de travail des salariés!

Ce n'est pas la première fois que le ministère veut augmenter le temps de travail des enseignants des lycées professionnels, sous prétexte que leurs élèves partent plusieurs semaines en stage. Le précédent projet "d'annualisation", qui aboutissait à augmenter le temps de travail, avait été remisé au fond des tiroirs devant les grèves qu'il avait suscitées. Un exemple à suivre, car ce qui se passe dans l'enseignement professionnel risque de s'étendre à toute l'Éducation nationale.

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