35 heures : En route vers les 45 heures?07/10/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/10/une1888.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

35 heures : En route vers les 45 heures?

Le ministre délégué aux Relations du travail, Gérard Larcher, rencontre à nouveau les représentants des centrales syndicales et ceux du patronat cette semaine, pour préparer le terrain à une nouvelle attaque contre les travailleurs concernant le temps de travail et les salaires.

L'horaire légal de travail restera les 35 heures, mais le nombre d'heures supplémentaires autorisées sans même avoir à demander une dérogation à l'inspecteur du travail ne cesse d'augmenter. Martine Aubry l'avait déjà fixé à 130 heures par an; la loi Fillon de janvier 2003 a porté ce nombre à 180, ce qui permet de faire travailler 39 heures au lieu de 35; et le gouvernement s'apprête cette fois à autoriser 200, voire 230 heures supplémentaires! C'est le retour aux 40 heures effectives et plus, malgré les 35 heures légales.

Pour rendre les choses encore plus "souples" pour les patrons, il est question de "mutualiser" les heures supplémentaires. Le nombre d'heures supplémentaires maximum qu'un salarié est autorisé à faire, multiplié par le nombre de salariés, déterminerait un contingent global d'heures supplémentaires pour l'entreprise, que le patron pourrait utiliser à son gré en les attribuant à certaines catégories de salariés dont les horaires pourraient alors être encore plus démesurément allongés. La loi stipulerait que les travailleurs en question seraient des "volontaires", passant sous silence les pressions de l'encadrement auxquelles peuvent être soumis les salariés.

Non seulement le contingent d'heures supplémentaires sera augmenté, mais les heures au-delà de 35 heures seront moins payées qu'aujourd'hui. En effet, sous prétexte d'unifier les majorations pour heures supplémentaires dans l'ensemble des entreprises, le gouvernement déciderait d'un taux intermédiaire entre les 25% de majoration actuellement en vigueur dans les entreprises de plus de 20 salariés et les 10% en vigueur dans les entreprises de moins de 20 salariés jusqu'à la fin 2005. Et il y a fort à parier que le taux en question sera plus proche des 10% que des 25%, et que la majoration des heures au-delà de 39 heures sera elle aussi réduite.

Enfin, il est question de transformer les comptes épargne temps en comptes épargne... retraite. Déjà, avec les comptes épargne temps, les jours de congés dus par le patron pouvaient être repoussés à plus tard et être ainsi mis de côté sur une période de cinq ans! La loi Fillon avait déjà prévu que les patrons puissent racheter au salarié des jours de congés, c'est-à-dire les payer au lieu de les donner. Mais avec le dispositif actuellement envisagé par le gouvernement, le salarié ne verrait la couleur ni du jour de congé ni de la paye équivalente, puisque celle-ci serait placée à long terme, y compris jusqu'à la retraite!

Toute une série de nouvelles mesures sont donc en préparation, qui donneront encore plus de latitude au patronat pour allonger le temps de travail, supprimer les jours de repos, bref, accroître encore l'exploitation de leurs salariés, alors même que le chômage ne cesse d'augmenter et que des millions de personnes ne trouvent pas de travail. S'il faut travailler plus, que les patrons embauchent donc des chômeurs!

Il faudra bien imposer un jour au patronat de partager le travail entre tous sans laisser personne sur le carreau, tout en payant à chacun un salaire correct qui permette de vivre. L'augmentation de la productivité du travail permettrait que chacun travaille moins tout en vivant mieux, mais ce que patronat et gouvernement veulent nous faire accepter est un retour en arrière de nos conditions de vie et de travail.

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