Hôpitaux : La lutte des médecins étrangers29/09/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/10/une1887.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpitaux : La lutte des médecins étrangers

Mercredi 15 septembre, les médecins dits «médecins étrangers»qui n'ont pas fait leurs études en France ont manifesté devant le ministère de la Santé pour obtenir une équivalence de leur diplôme, leur permettant de travailler dans les mêmes conditions et pour les mêmes salaires que les médecins français. Ils sont ainsi 3000 qui, faute du diplôme français, ne peuvent pas s'installer en cabinet et sont obligés de travailler à l'hôpital, pour des salaires inférieurs à ceux de leur collègues français.

L'un d'eux, chirurgien orthopédiste à mi-temps à l'hôpital d'Orsay, explique qu'il est payé 40% de moins que son collègue français et qu'il complète son salaire par des gardes de nuit. Comme il le dit, «on est jugé compétent la nuit, quand on est tout seul, ou en juillet-août, et pas le jour». C'est une situation absurde, car soit ils sont suffisamment compétents pour assurer les tâches parmi les plus difficiles à l'hôpital, à savoir les gardes, et alors ils doivent être payés comme les autres médecins. Soit ils ne le sont pas, et les incompétents sont aussi ceux qui leur ont confié ces lourdes responsabilités. La solution serait alors de former davantage de diplômés français dans les facultés de médecine. Mais ce n'est pas ce qui se passe car cette situation, organisée par le gouvernement et qui dure depuis des années, est le reflet de la pénurie de médecins et d'ailleurs plus généralement de tout le personnel soignant, au nom de la rentabilité des hôpitaux.

Bien sûr ces médecins étrangers ont ainsi la possibilité d'acquérir en France ou dans les pays occidentaux (car cette immigration médicale se produit vers tous les pays développés) une formation et une compétence que les hôpitaux de leurs pays seraient parfois incapables de leur donner. Mais c'est aussi le cas de tous les étudiants français formés à l'hôpital dans le cadre de leurs études et qui, une fois leur diplôme français en poche, ne sont pas contraints de travailler des semaines de 60 à 70 heures, en passant d'un service de garde ou d'urgence à l'autre.

En 1995 puis en 1999, le gouvernement avait dû proposer aux médecins étrangers des mesures de titularisation et de reconnaissance de leurs diplômes, qui ont permis à près de 7000 médecins étrangers de travailler dans les mêmes conditions que leurs collègues français. Mais depuis 1999 le problème reste entier pour les médecins étrangers qui ne viennent pas d'un pays de l'Union européenne, car le gouvernement a demandé aux hôpitaux de n'embaucher que des médecins étrangers venant de celle-ci. Mais, pour faire face aux nécessités, les hôpitaux ont bien été obligés de continuer à recruter des médecins venus de pays extérieurs à l'Union européenne.

À la suite de la manifestation de ces médecins le 15 septembre, Douste-Blazy leur a accordé royalement 200 postes après validation de leurs connaissances pratiques, théoriques et en français. Le compte n'y est donc pas et la Fédération des praticiens de santé (FPS), qui regroupe les médecins étrangers, explique: «Nous ne sommes pas dupes, nous savons bien que la nouvelle procédure s'inscrit dans une politique générale de régulation démographique et de fermeture de lits», constatant que «les hôpitaux veulent bien recruter des praticiens étrangers pour combler leur planning de garde, mais ils ne veulent pas les titulariser».

Comme pour tout ce qui concerne la santé en France, les médecins étrangers paient les conséquences de la même politique d'austérité. Pour former des médecins, embaucher du personnel, construire des hôpitaux, donner à la population les moyens d'accéder à une médecine moderne pour tous, le gouvernement applique une politique de pénurie dont le drame de la canicule en 2003 a été l'illustration la plus dramatique.

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