Presse et hommes politiques comparent souvent les budgets de l'Éducation nationale et de la Défense, soulignant que le premier est de loin supérieur au second. Il n'y aurait donc rien à redire. Cette comparaison vise à démontrer que l'État maintient la priorité à l'éducation de la jeunesse. Elle sert également d'argument aux défenseurs de l'armée et autres marchands de mort qui, essayant de faire taire les critiques, justifient ainsi l'argent consacré à l'armée: «Pourquoi critiquer le budget de la Défense puisqu'il est moins important que celui de l'Éducation?»

Mais à y regarder de plus près, les choses ne sont pas comparables. Si le budget de l'Éducation reste au premier rang, à quelques millions près, c'est avant tout grâce à un tour de passe-passe, à des acrobaties comptables dont l'actuel ministre de l'Économie, Nicolas Sarkozy, est familier. L'augmentation du budget de l'Éducation correspond grosso modo aux revalorisations des salaires du personnel. Par ailleurs, le nouveau budget s'accompagne de coupes sombres: suppressions d'effectifs, départs non remplacés, licenciements de milliers de contractuels, etc.

Le budget de l'Éducation nationale fait office de parent pauvre au regard des besoins réels en matière d'éducation. Dans toutes les académies, il manque du matériel, des salles de classe, des enseignants et autres personnels en grand nombre, sans parler des établissements scolaires vétustes.

Et puis, il faut rappeler que ce budget concerne près de 15 millions d'enfants et d'adolescents que l'Éducation nationale a charge d'instruire et de rémunérer près d'un million de salariés, enseignants et personnel technique.

De ce point de vue, il n'y a pas photo avec l'armée, institution qui n'emploie que 454000 militaires et civils, et dont l'utilité sociale est plus que contestable: elle a surtout à son actif des sales guerres coloniales et des interventions pour défendre les intérêts de l'impérialisme français. La plus grosse part du budget de la Défense ne va d'ailleurs pas aux personnels mais sert avant tout au maintien et à la modernisation des matériels. Autrement dit, elle sert à acheter de nouvelles armes meurtrières. Les Dassault et autres Lagardère peuvent se frotter les mains. Raffarin et Sarkozy sont aux petits soins pour eux.