Le 31 août, 132 salariées de la société Coramy, à Gravelines, apprenaient la mise en redressement judiciaire de l'entreprise, leader européen de la confection du maillot de bain. Le patron avait même demandé la liquidation immédiate. Deux usines situées en Tunisie devraient aussi subir le dépôt de bilan. Malgré quelques baisses de commandes en 2004, le personnel ne s'attendait pas à la fermeture de l'entreprise.

Le mercredi 15 septembre, à la fois inquiètes et mécontentes, 130 salariées ont manifesté dans les rues de Gravelines.

Dans l'entreprise, il n'y a pas de syndicat. Des élues au CE et des salariés ont fait appel à l'Union Locale CGT de Dunkerque pour avoir du soutien. Deux jours plus tard, 70 ouvrières ont à nouveau manifesté devant la mairie, où une délégation a été reçue. Autour du maire, il y avait des représentants du Conseil régional et de la Direction départementale du travail, qui étaient venus proposer des congés de conversion. Les déléguées ont refusé de discuter de ces congés de conversion et ont demandé des comptes sur la situation de l'entreprise.

Le lundi 18, lors d'une réunion du Comité d'entreprise, le patron, le mandataire judiciaire et le liquidateur ont fait pression sur les élues pour qu'elles donnent un avis favorable à la liquidation. «Si on ne liquide pas, a dit le liquidateur, comment fait-on pour payer les salaires de septembre?» Les déléguées ont répondu que le patron avait bien su rembourser les banques et qu'il y avait encore de l'argent et des stocks. Elles ont donc toutes voté contre la liquidation et ont mandaté un avocat pour représenter les salariés.

Le lendemain, une centaine d'ouvrières ont manifesté au tribunal de commerce de Dunkerque. Le juge de ce tribunal a accordé un sursis d'un mois supplémentaire de maintien de l'activité.

Ce sursis a été salué comme une victoire morale par le personnel de Coramy. Le travail a repris dans les ateliers et les ouvrières ont bien l'intention de déjouer tous les mauvais coups du patron et du liquidateur.