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Dans les entreprises
Après la fusion Alcan/Pechiney : Laminage des usines et des emplois
Le PDG d'Alcan avait déclaré lors de l'OPA sur le groupe Pechiney: «Je ne suis pas marié avec l'aluminium». Celui qui parle ainsi est le principal dirigeant d'un géant industriel comptant des centaines d'usines dans le monde, regroupant 88000 salariés, dont 20000 en France. Pour les dirigeants et les gros actionnaires de ces groupes capitalistes, seuls comptent le cash et le taux de profit. Et pour y parvenir, ils n'hésitent pas à sacrifier des milliers d'emplois.
Dès le mois d'avril 2004, Alcan avait annoncé une restructuration des sièges sociaux avec la suppression de plusieurs centaines de postes de cadres et d'agents administratifs, commerciaux ou de comptabilité. Et au-delà des 331 postes supprimés, de nombreux salariés sont mutés, par exemple de Paris à Zurich ou Montréal, et en cas de refus de mutation, ils sont licenciés.
C'est pour protester contre ces licenciements que 200 cadres et agents de maîtrise ont manifesté le 23 septembre devant le siège de Alcan-Pechiney à Paris. C'est la première fois que l'on assiste à une telle mobilisation du personnel du siège.
Et au moment où se déroulent encore des procédures de licenciements, la CFDT a livré à la presse un document qui n'est plus confidentiel, précisant les projets de restructuration d'Alcan en Europe pour l'année 2005. Il pourrait conduire à la suppression de 2 200 emplois en Europe, dont 960 emplois en France. Cinq usines seraient fermées: Cruseilles en Haute-Savoie, Vandières en Meurthe-et-Moselle, Provins en Seine-et-Marne, Lannemezan dans les Hautes-Pyrénées et Affimet Compiègne dans l'Oise. Des suppressions d'emplois seraient programmées à Sélestat, Voreppe, Froges et Almet. D'autres sites en Europe sont aussi touchés. De plus, des projets de cession de 16 sites représentant environ 2420 salariés en France et 25 sites concernant 5140 salariés en Europe sont envisagés.
C'est un vaste plan de guerre contre l'emploi qui est programmé par le groupe Alcan. Dès la diffusion de ce document, ce fut une traînée de poudre dans toutes les usines et les bureaux. La direction, très ennuyée que son plan destructeur soit étalé sur la place publique, s'est tout de même bien gardée de démentir quoi que ce soit et parle de «pistes de réflexion». Il n'empêche que la police est venue enquêter au siège pour dénicher la «taupe».
Les salariés ont maintenant la preuve que les plans de licenciements sont préparés longtemps à l'avance suivant une stratégie répondant aux intérêts du capital. Déjà, dans plusieurs sites, comme à Sélestat, des débrayages et des assemblées de personnel ont eu lieu. Tous les syndicats dénoncent ce plan de casse des emplois. Dans les tracts, ils appellent à la mobilisation des salariés. Il est effectivement indispensable que le «tous ensemble» ne soit pas qu'une formule pieuse et que se mette en place un plan de lutte pour l'ensemble des travailleurs du groupe Alcan.