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Dans les entreprises
Perrier : Chantage contre l'emploi
La multinationale suisse Nestlé menace de se débarrasser de l'entreprise Perrier, ou encore de l'éclater en quatre filiales. Chantage un peu gros, pour faire pression sur les travailleurs qui s'opposent à son nouveau plan de restructuration, ou projet réel? Dans les deux cas, il s'agit de s'en prendre aux salariés.
Selon la CGT, "le taux de rentabilité des actionnaires de Nestlé est de 9,7%, ça ne leur suffit pas, ils veulent passer à 15%". Nestlé aura du mal à se faire passer pour une entreprise en difficulté. Pour le seul premier semestre 2004, elle affiche un bénéfice de 1,8 milliard d'euros.
Pour augmenter encore plus sa rentabilité, Nestlé a concocté un nouveau plan de restructuration. Lorsque le groupe suisse a racheté la source, l'entreprise et la marque Perrier, à Vergèze dans le Gard en 1992, il y avait 2400 salariés. Aujourd'hui il n'y en a plus que 1650. Sur ce nombre, Nestlé veut encore supprimer 356 emplois , une partie des 1047 que Nestlé voudrait liquider sur les 4100 que compte le groupe Perrier en France.
Les travailleurs de Vergèze, et la CGT qui y recueille près de 85% des voix, ont fait opposition en juillet dernier à l'accord de "gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences"(!) qui prévoit ces suppressions d'emplois. L'article 37 de la loi dite Fillon, qui prétend organiser le "dialogue social", permettant à un syndicat majoritaire de bloquer un plan de restructuration, la CGT met en avant cette clause.
Que la CGT tente de s'opposer aux suppressions d'emplois suffit à déclencher une campagne de tout ce que le patronat compte comme avocats et défenseurs dans la presse ou dans le monde politique.
Le journal économique Les Échos évoque la "guérilla syndicale", la "forteresse cégétiste... campée sur ses avantages acquis", titrant: "La CGT prise au piège de son intransigeance". Quant à Sarkozy, qui se pose prétend-il en arbitre dans cette affaire et qui se faisait il y a peu le chantre de l'application intransigeante de la loi, il reporte la responsabilité de la situation sur "le jusqu'au-boutisme d'une organisation syndicale".
L'offensive antiouvrière ne connaît pas de trêve. S'il y a des licenciements, des suppressions d'emplois, des délocalisations, ce serait à cause des travailleurs qui s'y opposent, ou encore par la faute des syndicalistes. Mais qui alimente l'amertume et la colère des travailleurs, sinon les décisions du patronat?