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Dans les entreprises
Guadeloupe : La grève des ouvriers de la banane continue
En Guadeloupe, les ouvriers de la banane poursuivent leur grève commencée le 24 août dernier. Les raisons de la grève sont multiples:
-Les travailleurs protestent contre le refus des patrons d'appliquer l'augmentation du smic de juillet dernier de 7,19 euros à 7,61 de l'heure. Ces patrons ont en effet fait un calcul qui défavorise beaucoup les ouvriers agricoles. En combinant selon eux le passage aux 35 heures avec la hausse du smic, ils font ainsi baisser la paye de 71 euros. Alors que la tâche que les patrons réclament (les ouvriers de la banane sont payés à la tâche) n'a pas baissé -et dans certains cas a même augmenté- malgré ce passage aux 35 heures, ils exigent que les ouvriers transportent toujours le même nombre de régimes en sept heures au lieu de huit.
-Les patrons ne respectent pas les droits des travailleurs en chômage partiel. Les 414 travailleurs concernés perçoivent, selon la loi, le RMM (rémunération mensuelle minimale). Dans ce cas, ce sont les patrons qui doivent payer les 28 jours précédant la prise en charge par l'Assedic. Or ils ne le font pas. Dans ce cas aussi seules la RDS et la CSG devraient être prélevées sur la fiche de paye. Or les patrons prélèvent l'ensemble des cotisations sociales, cotisations qui ne sont même pas reversées à la Sécurité sociale, comme en témoigne la dette sociale des patrons de la banane: 4092012euros.
Il y a de quoi se mettre en colère! Les travailleurs ont déjà multiplié les formes d'action: manifestations, occupations des plantations, meetings, conférences de presse, présence sur les médias pour répondre à la campagne calomnieuse des patrons sur les ondes et pour dénoncer la présence massive des forces de l'ordre sur les plantations.
Le dernier meeting en date a été celui de Capesterre-Belle-Eau, sur la place de la mairie, le vendredi 17 septembre, qui a rassemblé près de 150 personnes, dont une grande majorité d'ouvriers de la banane. Le lendemain, samedi 18, une centaine de travailleurs et des militants d'autres secteurs ont manifesté dans les rues de Pointe-à-Pitre en distribuant des tracts à la population et en scandant des slogans antipatronaux.
Lundi 20 septembre, six travailleurs ont été convoqués à la gendarmerie. Il leur est reproché d'avoir soi-disant commis des actes de sabotage sur les plantations. Ils ont été libérés en fin de matinée.
Les pressions juridico-policères ne manquent pas. Vendredi 17, le tribunal de Basse-Terre a intimé l'ordre aux travailleurs en grève de ne plus se rendre sur les plantations, sous peine de 500euros d'amende quotidienne à payer. Jean-Marie Nomertin, secrétaire général du syndicat de la banane et aussi secrétaire général de la CGTG, est régulièrement montré du doigt, sur les ondes, dans la presse, par les patrons comme le responsable de la durée de la grève. Le représentant des patrons dans les négociations, le psychologue Spéronel, bien connu dans l'île, s'en est pris directement sur les ondes à Jean-Marie Nomertin comme étant manipulé par un groupuscule politique (il est connu comme militant du groupe trotskyste Combat Ouvrier). Comme si ce petit roquet des patrons n'était pas manipulé par le groupuscule patronal "Karubana", ou souvent par les patrons de l'industrie sucrière! Heureusement, les travailleurs se chargent fort bien de soigner sa réputation par une chanson créole reprise dans toutes les manifestations où le "psy" Spéronel est tout simplement "analysé" comme un bon "maco" ( petit lèche-bottes) des patrons.