Fermeture des bureaux de poste : Aux dépens du personnel et des usagers23/09/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/09/une1886.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fermeture des bureaux de poste : Aux dépens du personnel et des usagers

Nombre de petites communes sont déjà confrontées à la fermeture de leur bureau de poste. Et le mouvement risque de s'amplifier si le gouvernement met à exécution son "plan d'évolution du réseau" pour les prochaines années.

Plusieurs milliers de Conseils municipaux ont déjà voté une motion proposée par une association de maires ruraux qui demande un coup d'arrêt, un "moratoire", à la fermeture des bureaux de poste. C'est que cette décision aurait des conséquences importantes dans l'activité de la commune et dans la satisfaction des besoins des habitants. Par exemple, le maire d'une commune de 1200 habitants en Vendée témoigne que le poste de receveur a déjà été supprimé, puis que les horaires d'ouverture ont été réduits. Aujourd'hui La Poste, expliquant que le bureau n'est pas rentable, lui propose soit un point-poste chez un commerçant, soit une agence postale communale. Mais dans ce cas la compensation financière versée à la commune, 261 euros par mois, ne permettrait pas même de payer une personne à mi-temps.

Il faut dire que, ces dernières années, La Poste se livrait déjà à un marchandage auprès des élus de petites communes, leur disant en substance: "Accordez-nous une réduction de loyer, acceptez que ce soit du personnel municipal qui fasse le travail, et on vous indemnisera". L'indemnisation est insuffisante les premières années, et réduite à rien ensuite. "Mais si vous n'acceptez pas, on ferme". Dans ce cas, La Poste ne se considère pas comme responsable: puisque c'est la commune qui a refusé son chantage!

Cette façon de procéder n'a pas été inventée par le gouvernement actuel. Mais il entend désormais la pratiquer à une tout autre échelle. Un contrat de plan entre La Poste et l'État, signé en janvier dernier, insiste: La Poste doit être "rentable". Un projet de loi postale, qui doit être adopté d'ici peu, va dans le même sens. Ce n'est pas encore la privatisation, mais le gouvernement se préoccupe des futurs actionnaires.

La Poste, qui sent monter le mécontentement des maires et des usagers de ces communes, a choisi de retarder la publication de son "plan d'évolution du réseau", du moins jusqu'aux élections sénatoriales. Mais le projet n'est pas abandonné. Selon les syndicats, il prévoit de supprimer 76 bureaux sur 170 en Seine-Maritime, département considéré comme "pilote" par La Poste. Sur l'ensemble du pays, la moitié des bureaux seraient transformés en agences postales aux frais des communes, en "points-poste" chez un commerçant, ou disparaîtraient purement et simplement. Le président de La Poste, Bailly, a beau répéter que "les 17000 points de contact seront maintenus", cela ne veut pas dire grand-chose. Il est question de "zones de vie" où subsisterait seulement un bureau assurant toutes les opérations postales et géré directement par La Poste, dans un rayon de 12 kilomètres. Ce serait aux communes de se débrouiller si elles veulent maintenir des "points de contact".

Le gouvernement fait semblant de découvrir que La Poste ne paye pas de taxe professionnelle et de taxe foncière aux communes, une somme évaluée au total à 150 millions d'euros pour 2005. Eh bien, La Poste versera cette somme dans un fonds pour aider les communes à se payer une présence postale. À la demande du gouvernement, La Poste vient d'ouvrir avec les associations de maires une négociation pour discuter de la répartition de ce fonds... pour 2005. Par la suite, ce fonds pourrait être facilement remis en cause, si la pilule passait.

Mais il n'est pas sûr que le gouvernement parvienne ainsi à faire taire le mécontentement des maires des petites communes, directement en contact avec la population.

Mais ce problème ne concerne pas que les communes rurales. Dans les villes, les queues s'allongent, des bureaux de poste restreignent les horaires d'ouverture pour diminuer encore le personnel, en particulier dans les quartiers populaires.

Partager