"Il faut passer de 6% à 10% de rentabilité", a déclaré il y a peu le directeur d'Arcelor Tubes France. Voilà pourquoi la société restructure, supprime des postes dans un certain nombre de sites, pour regrouper l'essentiel de l'activité sur Lexy en Meurthe-et-Moselle.

Jeudi 16 septembre, pendant la tenue du Comité central d'entreprise (CCE) sur le site de Vincey dans les Vosges, une bonne partie des travailleurs ont débrayé à Vincey et à Yutz pour réclamer le retrait de ce plan.

Arcelor, leader mondial de la sidérurgie, a récemment cédé son activité tubes à une société homologue espagnole, Condesa. Des sites d'Arcelor Tubes ont déjà été fermés près de Lyon et de Saint-Étienne. Il existe un site dans le Nord, et plusieurs en Lorraine.

La direction veut supprimer des postes sur ces sites pour regrouper ses activités sur Lexy. Rien que sur Vincey, il ne resterait que 51 emplois sur 116 aujourd'hui.

D'ailleurs, le contrat avec les sous-traitants a déjà été dénoncé, et trois CDI ainsi que trois intérimaires cesseront leur travail au 15 octobre. À Yutz, plus du tiers des effectifs devraient partir à Lexy.

Nombre de travailleurs pensent que la direction envisage, à plus ou moins long terme, la fermeture des sites. On comprend leur méfiance. Il n'y a pas si longtemps que la direction déclarait: "L'usine de Vincey fait du profit, vous n'avez pas à vous faire de souci." Peu de temps avant la vente d'Arcelor Tubes, le directeur industriel de Condesa disait: "Ce n'est pas parce qu'on veut un gros site qu'on ferme les petits." Et les travailleurs de Vincey se souviennent qu'il y a quelques années on leur promettait de faire passer la production de 80000 à 140000 tonnes et d'embaucher. Mais la production est aujourd'hui bien inférieure.

Au cours du CCE, le directeur général s'est contenté de dire que, si Vincey ne s'en sortait pas avec l'activité Constructions soudées et Tuberies qu'on lui laisse (51 personnes), une autre solution était envisageable, à savoir installer de petites entreprises sur le site. Personne n'y croit, dans le contexte actuel. C'est en tout cas une façon comme une autre de montrer qu'il ne croit même pas à ses promesses de maintien d'une activité Arcelor.

Du côté syndical, tous les syndicats ont signé l'accord de méthode, sauf les sections CGT de Vincey et de Yutz.

Quel que soit son nom (Usinor jadis), le groupe a amassé d'énormes profits, a reçu d'énormes subventions. Et ça continue! L'installation de Lexy va s'accompagner d'autres subventions de l'Europe et de la région Lorraine, entre autres, véritables primes aux suppressions d'emplois. Aujourd'hui, il restructure pour augmenter encore ses richesses, en n'hésitant pas à bouleverser la vie des travailleurs du groupe. Il n'y a aucune raison de l'accepter.