Littoral : Les vagues de la spéculation16/09/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/09/une1885.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Littoral : Les vagues de la spéculation

Le gouvernement, après avoir envisagé de réduire fortement le budget du Conservatoire du Littoral, organisme public qui achète des terrains en bord de mer, a décidé de conserver, au moins pour cette année, le même maigre budget que l'an dernier, soit 20 millions d'euros.

Ces dernières années, l'existence de ce Conservatoire du Littoral avait pu limiter les dégâts face aux appétits de ceux qui n'hésiteraient pas à le dénaturer -c'est bien le mot-, en particulier face aux promoteurs immobiliers pour qui l'accès au littoral est une source particulièrement juteuse de profits. Grâce à son budget, et aux prérogatives dont il dispose, le Conservatoire du Littoral a acheté des terrains pour les remettre en état avant de les céder à des collectivités locales qui avaient le devoir de les protéger. Depuis sa création en 1975, 860 kilomètres de rivages naturels ont ainsi été préservés des dégradations et des constructions nouvelles et pour certains restaurés dans leur état naturel. Mais les moyens sont restés limités, d'autant que le prix qu'il doit payer pour les terrains qu'il rachète augmente rapidement alors que son budget est resté à peu près inchangé, quand il n'a pas été carrément revu à la baisse, en particulier de 15% en 1983 sous le gouvernement du socialiste Mauroy.

La loi "Littoral", adoptée en 1986, a été d'une efficacité bien insuffisante. Elle était censée rendre inconstructible une bande côtière de 100 mètres à partir du rivage, là où il n'y a pas déjà de construction, et réglementer les aménagements là où il y en a déjà. Cela n'a pas empêché, comme un récent rapport officiel le souligne, "l'urbanisation sauvage" des côtes françaises et le "contournement de la loi". C'est qu'entre les obligations prévues par la loi et la pression des "aménageurs" ou "promoteurs", ce sont ces derniers qui l'emportent trop souvent. Le nombre d'exceptions à la loi s'est multiplié.

Mais visiblement, les quelques garde-fous qui fonctionnent plus ou moins actuellement sont encore de trop pour ceux qui considèrent le littoral comme une zone à exploiter.

Pour se faire entendre, les promoteurs n'ont même pas eu besoin de faire campagne. Des députés d'un côté, des sénateurs de l'autre ont publié cet été deux rapports qui vont dans le même sens: il faut "réformer" la loi "Littoral". Et dans leur bouche, la réformer, c'est supprimer le peu de protection qui existe.

Le gouvernement en annonçant que de nouveaux décrets d'application devraient rapidement "ajuster la loi"montre qu'il les entend bien.

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