Le "bon" Borloo contre les "méchants", c'est du cinéma16/09/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/09/une1885.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le "bon" Borloo contre les "méchants", c'est du cinéma

Dans le cadre de son projet de loi sur la "Cohésion sociale" présenté au Conseil des ministres mercredi 15 septembre, Jean-Louis Borloo, ministre de l'Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale, veut introduire une nouvelle forme de contrat de travail: le contrat d'avenir.

Il s'agit en fait d'une énième forme de ces contrats qui réduisent les droits des salariés sous prétexte de ramener les chômeurs de longue durée et les RMIstes dans le monde du travail. Mais vu le montant des revenus, inférieurs au smic, les personnes concernées -on hésite à dire les bénéficiaires- vont avoir à choisir entre la misère sans travailler et la misère en travaillant. En même temps, cette mesure vise, comme les précédentes, à fournir aux associations et aux collectivités locales de la main-d'oeuvre à très bas coût.

Le nombre de RMIstes ne cesse d'augmenter. Il atteint à présent 1,2 million. Quant aux allocataires de l'ASS (l'allocation de solidarité spécifique versée par l'État aux chômeurs en fin de droits, et dont le montant ne dépasse pas beaucoup les 417 euros du RMI), ils seraient à peu près 365000. Borloo veut proposer à ces personnes de travailler entre 28 et 35 heures, pour un "salaire" qui tournerait autour de 7 à 800 euros, nettement moins que le smic donc (actuellement 1154 euros).

Quant à l'employeur, il ne payerait que la différence entre ce salaire et le RMI -que l'État continuerait à verser- soit une somme de l'ordre de 1,60 euro de l'heure! Et il ne verserait les charges sociales que sur ce complément, et à un taux réduit. Se profile aussi l'impossibilité de refuser plus de deux fois ce genre de travail. On n'est pas très loin du travail gratuit et obligatoire...

Cette mesure ressemble beaucoup au RMA, le revenu minimum d'activité, récemment créé et ouvert aux employeurs privés, mais sur lequel ceux-ci n'ont pas l'air de se précipiter. Ils attendent peut-être que le gouvernement leur fasse une offre encore plus alléchante... pour eux!

Ce nouveau "contrat de travail" est aussi la suite des contrats emploi solidarité (CES), contrats emploi consolidé (CEC) et autres emplois-jeunes créés par la gauche, payés, eux, au smic horaire, mais à temps partiel. Il sert à Borloo pour se présenter comme le Monsieur "Social" contre ses confrères du gouvernement.

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