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- Lutte ouvrière n°1885
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Leur société
La mort lors d'une inspection du travail
L'assassinat d'un inspecteur et d'un contrôleur du travail, lors d'un contrôle de routine dans une exploitation agricole du Sud-Ouest, a soulevé une grande émotion, tant au ministère des Affaires sociales qu'au ministère de l'Agriculture.
Si c'est la première fois qu'un banal contrôle se termine ainsi, de nombreuses agressions jalonnent les inspections: agressions verbales, menaces, insultes, destructions de documents ou de matériel (pneus crevés), intimidations. Le précédent le plus grave avait été un simulacre de pendaison auquel avait été soumis un inspecteur durant plusieurs heures, il y a une vingtaine d'années.
Dans le cas présent, l'agriculteur a eu semble-t-il un accès de folie. Mais le fait s'inscrit dans un climat général où les patrons, petits et grands, violent la loi et se croient tout permis dans les exploitations agricoles comme dans l'industrie agroalimentaire: cela va de salariés non déclarés, en particulier les saisonniers, aux heures supplémentaires non payées et aux innombrables violations du Code du travail sur les conditions de travail, de logement, d'hygiène et de sécurité.
Quant aux contrôles, ils sont insuffisants car il y a peu de contrôleurs et d'inspecteurs, quelques-uns par département. Mais si peu fréquents soient-ils, pour les patrons, apparemment, ils sont encore trop nombreux.
Ce climat explique l'émotion des personnels des deux ministères et la vague d'indignation qui s'est exprimée par les arrêts de travail et les rassemblements très suivis qui ont eu lieu à la suite de l'assassinat de leurs deux collègues. Les employés constatent une dégradation du climat que toute l'attitude gouvernementale entretient, des discours actuels sur les charges excessives aux dénonciations de soi-disant rigidités de la loi.