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Dans les entreprises
EADS - Les Mureaux (Yvelines) : Les licenciements sont lancés
Aux Mureaux, dans les Yvelines, EADS ST (Space Transportation) a décidé de supprimer 219 postes en 2004. L'entreprise a licencié 114 salariés âgés de plus de 55 ans en les gratifiant d'une "rente" équivalant, après déduction des charges, à 60 ou 40% du salaire. Parmi les 109 salariés de moins de 55 ans, plusieurs sont âgés de plus de 50 ans et 6 sont handicapés inscrits à la Cotorep.
La direction a envoyé, au mois de mai, treize lettres de licenciement qui correspondent à des licenciements secs. Parmi ces salariés, deux sont en longue maladie, six ont 54 ans, ils n'ont donc pas droit à la "rente" et pour trois d'entre eux, ayant travaillé très jeunes, il ne leur reste que deux ans à travailler pour avoir droit à la retraite anticipée, à condition qu'ils retrouvent du travail...
Pour faire connaître la situation, un collectif de salariés a été créé au début de l'année 2004, qui a rassemblé environ 70personnes. Ce collectif a tenu des permanences plusieurs fois par semaine, des articles sont parus dans la presse locale. Des tracts ont été distribués toutes les semaines dénonçant ces licenciements abusifs, alors que l'entreprise se porte très bien financièrement. L'inspection du Travail s'est prononcée contre le licenciement de deux délégués CGT, mais la direction a fait appel.
À la rentrée de septembre, nous avons appris par voie de presse que les bénéfices d'EADS ont augmenté de 119%, c'est-à-dire qu'ils ont plus que doublé au premier semestre 2004 par rapport au premier semestre 2003. Les affaires ne vont pas mal, c'est le moins qu'on puisse dire! D'autant moins que le Conseil régional vient d'accorder une subvention d'un million d'euros à EADS, suivant l'exemple du Conseil général des Yvelines qui avait attribué auparavant une subvention du même montant.
Le travail ne manque pas non plus. Dans le secteur ATV (véhicule spatial, développé dans le cadre de la station internationale), une trentaine d'informaticiens travaillent en équipe, sans aucune prime. Dans le secteur Ariane 5, les congés sont soumis à l'approbation de la haute hiérarchie jusqu'au mois de février et les samedis et dimanches sont "engagés", c'est-à-dire que l'on peut demander aux salariés de venir travailler les week-ends, sans complément de salaire autre que la rémunération des dimanches prévue par la loi. La majorité des départs doit s'effectuer au mois de novembre et de décembre. Les salariés protestent tandis que la direction met en avant l'obligation de succès pour la nouvelle Ariane 5, dite "dix tonnes", au mois d'octobre de cette année. Il est vrai qu'un échec de cette nouvelle version remettrait en cause les fabrications de lanceurs de satellites sur le site des Mureaux. Mais même si tout fonctionne, les actionnaires demanderont encore et toujours plus de résultats et de dividendes...
On parle déjà d'une nouvelle vague de licenciements pour l'année 2006... Combien d'heures par semaine demandera alors la direction à chaque salarié pour tenir les délais, lancer à temps, etc. ? Et tout cela sans supplément de salaire, comme d'habitude.