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Leur société
Délocalisations : Les patrons font leurs comptes
On nous abreuve de comparaisons entre les salaires pratiqués ici et ceux de l'Europe de l'Est ou d'Asie du Sud-Est. Avec des écarts de un à cinq, voir dix, la démonstration serait-elle imparable? Voire. Sinon, comment expliquer que tous les patrons n'aient pas déjà délocalisé depuis longtemps?
Ce seul argument des salaires, même agrémenté d'une fiscalité locale réduite, est loin de suffire à l'immense majorité des employeurs. Car, en fait, délocaliser n'est pas toujours le plus rentable pour eux. Malgré les innombrables aides que les États leur accordent, ici comme ailleurs, transférer sa production a un coût.
Ensuite, même si la main-d'oeuvre locale est payée encore bien moins qu'ici et les impôts sur les sociétés moins élevés dans les nouveaux États membres de l'Union européenne qu'en Europe de l'Ouest, cela ne suffit pas forcément aux actionnaires et aux PDG. Il leur faut trouver, sur place, une main-d'oeuvre dont la productivité ne soit pas trop éloignée de celle des pays industrialisés, qui reste la plus élevée et celle qui progresse le plus. Il faut aussi acheminer la matière première, d'autres composants de la production, des équipements, des pièces pour entretenir les machines. Ensuite, il faut vendre sur place, mais alors à des prix compatibles avec le bas pouvoir d'achat local, ce qui limite la profitabilité de l'opération. Ou alors, il faut exporter la production vers des régions plus riches -Europe de l'Ouest, Amérique du Nord, Japon- ce qui grève son prix de coûts de transport supplémentaires.
Ainsi, dans la revue économique Challenges, le PDG d'une société de cosmétiques estime que, malgré tout, ce coût de transport est tel qu'il n'est pas rentable pour lui de s'installer à plus de 1200 kilomètres de ses marchés ouest-européens. Et d'ajouter que, fabriquant en France, s'il est aussi allé en Pologne, c'est pour y produire au coût local pour des acheteurs est-européens à faible pouvoir d'achat.