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Leur société
Bayrou rejoint Fabius dans le "non sauf si..."
Décidément, le référendum sur la ratification de la Constitution européenne, prévu pour l'automne 2005, est surtout considéré par les hommes politiques de la bourgeoisie qui ambitionnent d'entrer (ou de rester) à l'Élysée en 2007 comme un bon tremplin pour atteindre leur but.
En annonçant le 14 juillet qu'il avait décidé de recourir à ce genre de scrutin Chirac, visait manifestement, après les échecs de la droite aux élections régionales, cantonales et européennes du printemps dernier, à essayer de se faire plébisciter, en tablant sur un appel à voter Oui du Parti Socialiste, qui s'est toujours présenté en farouche partisan de l'Union européenne, telle que la souhaite la grande bourgeoisie. Mais si nombre de leaders du PS se sont prononcés pour ce Oui espéré par Chirac, Fabius, après avoir tout au long de sa carrière politique appuyé la mise en place de l'Europe du capital, a soudainement découvert que ce projet de constitution manquait de contenu social. Et comme cette position a rencontré l'adhésion de bon nombre de cadres et de militants du PS, il n'est pas sûr du tout que celui-ci décide de voter Oui.
Et voilà que Bayrou, un autre européen de toujours, dont les ambitions présidentielles sont évidentes, vient d'assortir son Oui d'une condition que Chirac et Raffarin peuvent difficilement satisfaire. Il "exige" que le gouvernement organise préalablement, au Parlement, un débat suivi d'un vote sur l'entrée éventuelle de la Turquie dans l'Europe. Or, sur ce sujet, si Chirac s'est prononcé à terme pour cette adhésion, une bonne partie des députés UMP pourrait faire défection au gouvernement.
Évidemment, chacun des présidentiables possibles jure qu'il n'a en vue que l'intérêt de l'Europe. Chirac, qui a pris l'initiative de ce référendum-plébiscite, reproche à Fabius ses calculs politiciens et Bayrou affirme que son seul but est d'éviter que la question turque ne vienne "polluer" le débat sur la Constitution européenne, en expliquant finement que "les voix des électeurs de droite furieux de l'entrée de la Turquie dans l'Europe, plus celle des électeurs de gauche opposés à la Constitution, plus le vote protestataire, ça fait une majorité pour le non."
Mais la question que doit se poser aujourd'hui Chirac, c'est comment annuler sans se déjuger ce projet de référendum qui lui paraissait une si bonne idée il y a deux mois.