Les dépenses de la Sécu font les profits des labos09/09/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/09/une1884.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les dépenses de la Sécu font les profits des labos

Selon un rapport de la Caisse nationale d'assurance- maladie (Cnam), au cours de l'année 2003, la consommation de médicaments remboursables a augmenté de 0,7% mais les dépenses de l'assurance-maladie en remboursement de ces médicaments ont augmenté de 4,6%, c'est-à-dire de plus de 520 millions d'euros.

Une telle augmentation de l'ardoise pour une si faible progression du volume des ventes paraît, pour le moins, contradictoire. D'autant que, depuis avril 2003, 616 médicaments ne sont plus remboursés qu'à 35% alors qu'ils l'étaient à 65% auparavant, ce qui a permis une économie de 360 millions d'euros. Sans compter les centaines de médicaments qui ont été carrément déremboursés sous prétexte qu'ils ne seraient pas assez efficaces. Et puis, en 2003, la prescription de génériques s'est considérablement élargie ce qui, là encore, a contribué à faire baisser les dépenses de remboursement. Pour en donner une idée, l'arrivée des génériques du Mopral (un médicament antiulcéreux), en juin 2004 a entraîné une économie de 6,4 millions d'euros pour ce seul mois! Enfin, la consommation d'antibiotiques, qui a diminué de l'ordre de 10% en 2003, a participé elle aussi à la diminution de la facture des remboursements.

Mais d'où vient alors l'augmentation des dépenses de la Sécurité sociale pour le remboursement des médicaments? La presse, la télévision, la radio se sont unies pour relayer la politique de culpabilisation du gouvernement accusant la population d'une trop grande boulimie de médicaments.

Pourtant, ce n'est pas compliqué, les médicaments qui coûtent le plus cher à la Sécurité sociale en remboursement sont bien évidemment ceux qui sont vendus aux prix les plus hauts par les industriels du médicament. Dans les dix ou quinze dernières années, ces trusts pharmaceutiques ont négocié et obtenu auprès des ministères compétents des prix très élevés pour des médicaments sous prétexte de coûts de recherche importants, alors que la recherche est le plus souvent réalisée par des laboratoires publics. Ces nouveaux médicaments sont le plus souvent de véritables avancées thérapeutiques. Ils sont vendus à des dizaines de millions de boîtes chaque année. Ils assurent aux laboratoires qui les commercialisent des rentes d'autant plus confortables qu'ils traitent des maladies liées à l'âge et qu'on continue donc généralement à les prendre indéfiniment quand on a commencé... Ils creusent d'autant plus le prétendu "trou" de la Sécurité sociale qu'ils engraissent les industriels du médicament.

À l'heure où le gouvernement impose aux malades le racket d'un euro non remboursable par consultation, au lieu de s'attaquer à cette industrie, la plus riche de toutes, il montre de quel côté il est et qui il sert.

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