À la Caisse régionale d'assurance-maladie de Nantes, la direction a licencié une collègue pour "absences répétées et injustifiées" le 15 juillet dernier. Cette collègue traversait une période personnelle très difficile et n'avait pas fourni d'arrêt de travail. Nous avons tous trouvé scandaleux que la direction licencie quelqu'un qui était en train de perdre pied.

Rapidement la contestation du licenciement s'est donc mise en place, l'ensemble des syndicats étant dans la partie. Deux débrayages cet été ont été plutôt bien suivis vu le nombre de présents (32%, 19%). Des pétitions ont été rédigées et distribuées largement dans les organismes de Sécurité sociale et au-delà. La rentrée, avec le retour de nombreux collègues de congés, a été déterminante. Le troisième débrayage début septembre fut un succès puisque 57% des travailleurs du siège se sont mis en grève. Une assemblée générale de près de 150 personnes a ensuite décidé d'approfondir le mouvement et de l'étendre: le mardi 7 septembre nous devions donc faire grève une demi-journée et entraîner avec nous la CAF, la CPAM et l'Urssaf de Nantes. Ces trois organismes se préparaient à un débrayage de solidarité d'une heure ce même jour.

À la surprise de beaucoup, probablement inquiète devant une mobilisation qui allait déborder de son entreprise, la direction a soudainement cédé. Elle s'est engagée par écrit à réembaucher notre collègue dès que celle-ci aura terminé son arrêt-maladie, sur le même poste et avec le même niveau de salaire. Nous avons tous savouré ce recul de la direction et, le lendemain, l'ambiance était enthousiaste dans les couloirs.

Il reste encore à faire sauter quelques points noirs, notamment le fait que la direction veuille lui faire refaire une période d'essai de six mois. Il ne faut pas lui laisser la possibilité de nous refaire le coup dans plusieurs mois... Malheureusement les syndicats se sont un peu précipités sur la proposition de réembauche pour mettre un terme au conflit, sans consulter les salariés. Il aurait été préférable de convoquer une assemblée générale pour discuter de la proposition de la direction et pour décider tous ensemble de la suite à donner (ou pas).

Il reste que, après les échecs des derniers mouvements de grève (retraite, maladie), cette victoire contribue réellement à redonner le moral à tout le monde: nous savons maintenant qu'en nous mobilisant, qu'en ayant la volonté d'élargir la grève, nous avons les moyens de nous opposer à l'arbitraire patronal.