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Leur société
Tuberculose : Quand le ministère de la Santé creuse le trou de la Sécurité sociale
Alors que le gouvernement parle sans arrêt des économies à réaliser sur les dépenses de médicaments pour "sauver" la Sécurité sociale, il vient de multiplier par dix le prix d'un médicament contre la tuberculose, le Rimifon. La boîte de 50 comprimés vaut désormais 43,80 euros au lieu de 4,51 et celle de 100 comprimés 50,32 euros au lieu de 5,22. Cette décision est le résultat d'une "discussion" entre le laboratoire Pharmion Développement, fabricant du médicament, et le ministère de la Santé.
Le Rimifon, commercialisé en 1954 par le laboratoire suisse Roche, a représenté un progrès majeur dans le traitement de la tuberculose et a permis, en association avec d'autres antibiotiques, de guérir cette maladie. Maintenant que la tuberculose a reculé - même si on note une recrudescence dans les pays pauvres ou chez les pauvres des pays riches - le PDG du laboratoire affirme cyniquement qu'avec ce médicament il perd de l'argent car les ventes sont "dérisoires". Alors il a menacé de le retirer du marché si le gouvernement n'augmentait pas son prix. Le ministère de la Santé a obtempéré en reprenant tous les arguments du laboratoire: "Les volumes de ventes ne permettaient plus l'exploitation au prix ancien." Pourtant, depuis 1952, les dépenses de recherche et de développement du Rimifon ont été largement couvertes par les recettes et les profits ont fait les beaux jours des différents propriétaires du médicament, à commencer par Roche, devenu un des plus importants trusts pharmaceutiques mondiaux.
Comme la tuberculose fait partie des maladies dont le traitement est pris en charge à 100% par la Sécurité sociale, la CNAM a déjà chiffré le surcoût du remboursement du Rimifon: il passera de 250.000 euros par an à 2,5 millions d'euros .
Mais le Rimifon n'est pas le seul médicament dont le prix augmente. Ainsi le Tulle gras, avec un peu plus de vaseline dans les compresses, voit son prix multiplié par neuf et le changement de composition d'un médicament contre le psoriasis, le Daivobet, permet de multiplier son prix par trois.
Voilà de beaux exemples de la façon dont les laboratoires pharmaceutiques dictent leur loi et se payent sur le budget de la Sécurité sociale pour faire des milliards de profits.