Des essaims de milliards de criquets pèlerins déferlent sur le Sahel: en Mauritanie, ils forment un énorme nuage de 60 km² qui avance rapidement, dévastant toute la végétation sur son passage. Des essaims dévastent aussi le Sénégal, le Mali et le Niger. Les cultures détruites en 24 heures représenteraient la nourriture de 250.000 personnes.

Pour les populations de ces pays qui comptent parmi les plus pauvres d'Afrique, les récoltes et les pâturages détruits annoncent la famine.

Dans les pays riches, comme les États-Unis qui connaissent aussi les essaims de criquets, de telles catastrophes n'existent pas. La technique en vient à bout.

En Mauritanie, l'organisme chargé de la lutte contre les criquets ne dispose que d'un avion militaire pour les épandages d'insecticides... qui est cloué au sol, faute de carburant. Les insecticides disponibles permettraient de couvrir moins de 13% de la surface à traiter, laquelle s'accroît de jour en jour.

Restent aux habitants des moyens dérisoires: allumer des feux, et creuser des tranchées pour piéger les jeunes criquets encore incapables de voler et les enterrer aussi vite que possible.

D'après la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation), il faudrait aujourd'hui 100 millions de dollars pour détruire les essaims, c'est-à-dire par exemple l'équivalent d'un cinquante-sixième du budget de l'organisation des Jeux Olympiques d'Athènes. Il y a quinze ans, faute d'avoir pris des mesures à temps, il avait fallu 600 millions de dollars et cinq ans de lutte.

La catastrophe qui touche le Sahel pourrait être évitée avec des moyens relativement limités, mais qui ne sont pas employés à cause du sous-développement de cette région du monde.