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Inégalité des salaires femmes-hommes : Quand un haut magistrat se fait le porte-parole du Medef
Quand le Medef veut modifier une loi, il trouve des collaborateurs dans les hautes sphères de la magistrature. C'est ce qui ressort d'un article récemment publié par le Canard Enchaîné.
De quoi s'agit-il? Il y a presque trente ans, en 1976, la Cour européenne de justice avait statué sur l'obligation de payer à salaire égal les femmes et les hommes. Le Parlement français a pour sa part voté à plusieurs reprises des textes allant dans le même sens. Cela n'empêche pas que ce principe n'est absolument pas appliqué dans la réalité, et qu'à travail égal, les femmes sont souvent moins payées que les hommes. Mais la Cour européenne, soucieuse des intérêts du patronat, avait prévu "le pire": que de nombreuses travailleuses lésées s'emparent de ce texte et réclament non seulement une augmentation, mais même un rattrapage sur toutes les années où elles ont été flouées. Ce qui pourrait coûter très cher au patronat. Du coup, bonne fille, la Cour européenne avait assorti son arrêt d'une décision stipulant qu'il ne saurait être question de "remettre en cause la rémunération pour les périodes passées".
Craignant que des procès pour discrimination sexuelle se développent en France, le Medef mène aujourd'hui une campagne active pour que ce "détail" soit ajouté, noir sur blanc, dans le droit du travail français. Une façon, ni plus ni moins, de légaliser a posteriori la discrimination.
Les juristes du Medef ont donc rédigé un projet de loi, qui pourrait se retrouver soumis au vote des députés d'ici peu.
Et pour éviter que le cas ne se pose avant qu'une loi à sa convenance soit éventuellement votée, le Medef a également fait diffuser son "avis" (et son projet de loi) parmi les magistrats... avis aimablement porté à la connaissance des avocats par le biais d'un des plus hauts magistrats du pays, le procureur général de la Cour de cassation. Comme l'a fait ironiquement remarquer un avocat au Canard Enchaîné, "c'est curieux, je ne me souviens pas d'avoir reçu, via le procureur général, la moindre analyse juridique de la CGT!"
Une affaire parmi d'autres, mais qui illustre bien l'attitude servile du gouvernement et de la haute magistrature vis-à-vis de la bourgeoisie.