Venezuela : Victoire de Chavez… mais quelles garanties pour les classes populaires ?20/08/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/08/une1881.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Venezuela : Victoire de Chavez… mais quelles garanties pour les classes populaires ?

Le président vénézuélien Hugo Chavez a remporté largement, dimanche 15 août, le référendum organisé contre lui par l'opposition. Dans un contexte de très forte mobilisation électorale (près de 80% des 14 millions d'électeurs ont participé au scrutin), le " non " à sa destitution a recueilli 58,25% des voix.

Élu en 1998, puis réélu pour six ans en 2000, Chavez sort donc vainqueur de cette nouvelle épreuve de force avec les partis d'opposition regroupés au sein de la Coordination démocratique. Ayant obtenu près de 5 millions de " non ", il améliore même de 2 millions de voix les scores qu'il avait obtenus aux élections présidentielles.

À l'annonce des résultats, des milliers de partisans de Chavez ont manifesté leur joie, notamment dans les quartiers populaires où ils s'étaient mobilisés massivement pour voter contre sa destitution. En revanche dans les quartiers aisés, acquis à l'opposition, on crie à la fraude électorale, bien que les observateurs internationaux de l'Organisation des États Américains chargés de veiller au bon déroulement des opérations de vote aient validé les résultats.

Cette tentative de destitution par voie référendaire n'était qu'un épisode de plus dans le combat mené par l'opposition contre Chavez, marqué notamment par la tentative avortée de coup d'État d'avril 2002 et la longue grève du secteur pétrolier déclenchée quelques mois plus tard, pour paralyser le pays en bloquant ses exportations pétrolières et priver ainsi l'État de 50% de ses recettes budgétaires.

En fait, depuis l'élection de Chavez en 1998, les classes possédantes et leurs alliés de la petite bourgeoisie, avec l'appui de l'impérialisme américain, n'ont jamais cessé de réclamer la démission de ce gouvernement " de gauche ", perçu comme une menace pour leurs privilèges. De son côté, Chavez, ancien lieutenant-colonel de parachutistes, auteur d'un putsch raté en 1992 et emprisonné pour cela pendant deux ans, ne fait pas partie des milieux dirigeants corrompus qui tirent leur prospérité de la manne pétrolière et qui n'ont pas hésité en 1989 à noyer dans le sang une révolte populaire. C'est de là qu'il tire sa popularité dans les quartiers pauvres et dans toute une partie de l'armée.

Chavez a recours à des arguments populistes, s'appuyant sur les sentiments anti-riches et anti-américains de la population, et il s'est pour cela attiré la haine de l'oligarchie et d'une bonne fraction de la petite bourgeoisie, ainsi que la méfiance des dirigeants américains.

Jusqu'à présent, Chavez a réussi à mobiliser ses partisans et à conforter son pouvoir face à ses opposants, tout en neutralisant les manoeuvres que les dirigeants américains pourraient entreprendre pour l'évincer du pouvoir. Cependant, il ne s'en est jamais pris sérieusement aux intérêts capitalistes, qu'il ne fait que défendre à sa manière, au point qu'aujourd'hui les compagnies pétrolières considèrent que, tout compte fait, le maintien de Chavez au pouvoir est un moindre mal. Quant aux couches pauvres de la population qui ont mis leurs espoirs en lui, non seulement Chavez est bien loin d'avoir résolu leurs problèmes -80% des Vénézuéliens continuent de vivre en dessous du seuil de pauvreté- mais il ne leur a donné aucun moyen de défendre par elles-mêmes leurs intérêts. Il ne leur laisse qu'une solution : applaudir Chavez et voter pour lui quand il fait appel à elles. Mais que se passerait-il pour elles, si Chavez n'était plus là ?

Or, pour les travailleurs, pour les couches pauvres de la population vénézuélienne, la seule garantie serait de battre réellement en brèche le pouvoir du grand capital vénézuélien et impérialiste. Faute de quoi, ils resteront désarmés et sans recours réel contre toutes ces forces.

Partager